Déception toute relative !
Vu le film marocain « Razzia » de Nabil Ayouch qui avait étonné dans le film « Much loved » (devenu « outrage grave aux valeurs morales » dans son pays). « Razzia » par contre y est un succès (et pas interdit) au Maroc.
Cinq destins croisés au Maroc (entre les années ’80 et 2015) sous le joug des islamistes qui s’immiscent dans tous les domaines de la vie.
Le film débute avec une séquence dans l’Atlas au moment ou l’arabe est imposé à l’école, et où des Saoudiens, Syriens et Égyptiens remplacent les professeurs locaux et importent en même temps l’islam salafiste. L’instituteur, qui jusque là a enseigné en langue berbère va partir… laissant derrière lui une veuve qui l’aime….et des enfants qui ne comprendront rien…
On débouche ensuite sur des images de manifs contre la réforme de la loi coranique sur l’héritage, à Casablanca……
On suivra après une femme (sensuelle – provocante dans cet environnement – et souillée par les regards et remarques des passants), un juif qui s’occupe de son vieux père, prospère dans un restaurant pour touristes et doit faire face à l’antisémitisme d’une prostituée, un musicien, fan de Eddy Mercury (homosexuel ?) avec les problèmes qu’on s’imagine dans cette société…..
…… Le film rend bien l’atmosphère conservatrice ( pour rester dans le politiquement correct) et irrespirable et fait sentir la pression sociale et comprendre la force dont on a besoin pour résister (ou résigner).
Film choral donc et gigogne, mélangeant (un peu) une fresque englobant une trentaine d’années et l’étude sociologique documentaire…. mais s’éparpillant dans sa volonté de vouloir tout dire (et de souligner son « engagement politique »), et de nous le marteler pas toujours de manière fine (c’est plutôt lourd et marteau – et la musique limite sirupeuse n’aide pas non plus) .
Pour le côté marteau juste un exemple: La chanson « We are the champions », chanté a capella par le jeune homme en bisbille avec son père, adulé par sa sœur seulement, est passé en montage parallèle dans lequel sont passés un-par-un tous les « héros » du film et les « réunit » ainsi pour un moment….. D’autres facilités: l’opposition de la prière (donc la religion) et l’écran derrière la pieuse passant MTV – après avoir lu un livre de Kerouac); enfin : l’illusion du film Casablanca (Bogart/Bergman).
Maryam Touzani a une belle présence, mais le côté iconique qu’a donné N. Ayouch a cette femme (sa femme dans la vie) a – à mon goût – nuit au film, la relation entre elle et son mari (à l’écran) n’est pas assez dessinée/écrite…
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