« Et, mon cher camarade, ne perdez pas de vue que Paris, c’est Paris. Il n’y a qu’un Paris, et bien que la vie y soit difficile, et même si cela devait s’aggraver, devenir encore plus difficile, l’air de France éclaircit les idées et fait du bien, beaucoup de bien. »
Lettre de Vincent van Gogh à Horace Mann Livens, Paris 1886
Regard dans le rétroviseur (une exposition photos au jeu de Paume (1) & une exposition peinture au Petit Palais (2) – dont je parlerai dans un prochain post.
Le Jeu de Paume présente les images du cofondateur de Dada Berlin (Raoul Hausman), considéré comme l’inventeur du photomontage [Le Monde dans son édition en date du 5 mars en fait un très beau résumé critique (« Photographier pour mieux voir »)].
Sans titre (Vera Broïdo), vers 1931
« A la fin des années 1930, cette photographie que Vera Broïdo [écrivaine russe, compagne et principal modèle d’Hausmann] appelle “les ailes” devient l’une des plus célèbres d’Hausmann, au moment où, en exil perpétuel, il a une existence d’homme traqué. C’est presque une caresse, une douceur, un envol : une image d’une force de résistance par l’intimité, comme une manière de léviter, de s’abstraire d’une époque bouleversée. » ADAGP, PARIS, 2018/BERLINISCHE GALERIE
« Deux Nus féminins allongés sur une plage », vers 1931-1934
« Cette photographie fut donnée par Raoul Ubac au Musée national d’art moderne en 1975. Hausmann a travaillé et exposé avec Ubac lors de son passage à Paris en 1934-1935, le second découpant ces deux nus pour les intégrer dans un photomontage, un paysage minéral intégrant l’une de ses pierres de Dalmatie. Dans le somptueux ouvrage “Formes nues” que les deux amis publient [en 1935], Ubac est “photomonteur”, Hausmann “photographe”, ce qui correspond à leurs souhaits et évolutions respectifs. »
ADAGP, PARIS, 2018/CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI/DIST. RMN-GRAND PALAIS/GUY CARRARD
Sans titre (Paysage de dunes), entre 1927 et 1933
« Hausmann photographe étonne. Lui dont on connaît la veine acerbe et mordante de l’époque dada vise ici la pacification, la réconciliation, une forme de résistance au temps par la sérénité. Ses paysages sont dépeuplés, lunaires, immaîtrisables. En grand lecteur de Thoreau, il voulait aller dans la “wilderness” [la nature sauvage]. »
ADAGP, PARIS, 2018/BERLINISCHE GALERIE
De très belles photos qui m’ont confirmé pour la n’ième fois que les photographes d’aujourd’hui n’ont (90 ans après) rien inventé (de nouveau).. Lumière, lumière, cadrage, regard…. Par ailleurs « les ailes » de Vera B. m’ont rappelé le portrait de Assia (pris par Germaine Krull vers 1930 … vive la sensualité ! – photo que je regarde chaque jour – puisque à côté de mon bureau)
Par ailleurs, Le Jeu de Paume propose une autre exposition plus « difficile » et/ou dérangeant. Il s’agit d’une rétrospective de la photographe Susan Meiselas (Médiations) :
Autoportrait de 1971 (qui donne – selon une interview) la « chair de poule » à la jeune femme de 69 ans …. elle exprime son credo de photographe « je suis là, et en même temps invisible »
sujets (par salles) : 44, Irving Street (1971) , Amérique Centrale (1978) – Nicaragua –
(Molotov Man (1979))
le Kurdistan (1991 – 2007) ainsi que « Industrie du sexe » (Carnival Strippers – réportage sur des strip-teaseuses d’un spectacle de fête foraine aux States
et (grrr!) Pandora’s Box (1995) un voyage dans le monde SM …. (salle interdit au moins de 18 ans – pour cause) – ainsi que des extraits d’un travail sur la violence domestique…
« Quand je vois une photo, je ne peux pas m’empêcher de penser à ce qui est
arrivé depuis. Le temps coule, mais la photo reste là. La question, c’est que
fait-on de ce “là” ? voilà) une question qu’elle se pose ! »
Cette photographe documentaire cherche à constituer une mémoire visuelle et ne veut pas de la photo « tableau » (fixant une vérité d’une moment for ever). Constamment elle se pose des questions sur le pourquoi de la photo, de son rôle…. )…
Assia ! J’adore!
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elle m’avait tapé vraiment dans l’œil il y a qqs années ….
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Je parie que je sais avec quelle photo 😉
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