Vu « The shape of water » – qui sort en Allemagne sous le titre de « le chuchotage de l’eau » – (eh ho! c’est plus beau que « la forme » non ?)
Synopsis de allociné :
Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’elle et sa collègue Zelda découvrent une expérience encore plus secrète que les autres…
Même pas eu peur du « monstre » (qui est « gentil », un « Dieu » en Amazonie, et aimera des œufs et de la musique) .
En effet, il est plus « beau » le « monstre » que ne l’était celui des années ’50
Le dernier né de Guillermo del Toro (Cronos, Mimic, Hellboy, Le Labyrinthe de Pan…) tant acclamé et dans le haut des nominés à l’oscar cette année (on dirait que le « Phantom Thread » n’aura pas bcp de chances face à ce raz de marée auquel se joignent les 3 billboards.. ….- dommage- ) – est un magnifique conte pour adultes (les petits qui le regarderont malgré tout ne verront toutefois probablement que du feu quand Elisa se masturbe dans sa baignoire…).
Baigné dans une lumière et des décors rétro-futuristes à la Jeunet (« Délicatessen » et parfois « Amélie Poulain » ne sont pas loin), ce film déroule un récit simple dans lequel s’opposeront le mal et le bien… et dans lequel l’amour (et la justice) triomphe (d’une certaine manière).
Toutefois moins touché que souhaité… pas de mouchoirs, une minilarme à la fin… ce flottement sensuel des deux amants dans l’eau m’a touché… même si « objectivement » c’était un chouia too much …souligné par la muzika.
Le méchant (Michael Shannon – colonel Strickland) – arrogant, détestable à souhait, fermé à jamais à tout ce qui est « autre » et « même » prêt à jouer au Weinstein avec la muette Elisa (Sally Hawkins – vue la dernière fois dans Blue Jasmin…. )…. permet à del Toro de dévoiler les abysses les plus noires de l’âme humaine et de souligner la lumière qui peut habiter les marginalisées…
Ce sont les femmes (de ménage de surcroît – donc celles qui enlèvent la « pisse » de la gente masculines qui se croient tellement au-dessus de tout – fou rire dans la salle quand Shannon se lave les mains avant d’uriner et de ne pas les laver ensuite : se laver deux fois serait l’image même de la faiblesse…….),
les femmes donc et un homosexuel (ainsi qu’un espion – russe – nous sommes en pleine guerre froide) qui montrent le plus de chaleur humaine dans ce magma de bêtise humaine.
Images que j’ai retenues et qui pendant la nuit qui a suivi se projetaient sur l’écran de mes songes….:
- les premières deux minutes : l’appartement de Elise sous l’eau, avec les meubles flottants…. (hypnotisant)
- les gouttes de l’eau « dansant » sur la vitre du bus qu’Elisa prend tous les jours pour aller au boulot…
- la salle de bain se remplissant d’eau, lit parfait pour un couple amoureux….
- le « va te faire…. » qu’Elisa adresse à Shannon (l’actrice est parfaitement ambiguë à ce moment)
- les dernières images sous l’eau, les deux corps flottants…
Par ailleurs, la musique contribue également à la réussite immergente… beaux rappels de la musique des années 50, une reprise de la Javanaise… des extraits de film TV de l’époque (dont quelques’unes qui ont bercé mon enfance…) …. ce côté « catalogue fifties » (et l’accumulation des « emprunts » et « métaphores cinéphiliques » m’a certes un peu dérangé (disons titillé), mais pas assez pour m’empêcher d’être entraîné dans ce joli conte….
Mon amie blogueuse Martine disait sur FB : »Conte philosophique pour adulte, parabole christique, ode à la nature sauvage, parodie de série B, critique politique d’une époque, hommage aux genres cinématographiques.. tout cela…peut-être trop? » …. – j’ai (toujours) un peu de mal à voir le « christique » (mais dois avouer que ça fourmille d’indices qui pointent dans ce sens) et le formidable (New)strum en fait une analyse un peu plus poussée que je partage pour l’essentiel :
Pour moi, qui sors peu à peu la tête d’un tsunami de traductions, ce film a été un très beau « repos » nocturne après une journée de travail très chargée …. même si côté « oxygène » on a vu mieux (puisqu’on ne sort quasiment jamais à l’extérieur dans cet opus) ….
Merci Lorenz pour le lien. Pas pour enfants en effet et tu as sans doute plus aimé que moi, mais de quoi s’évader après une traduction en effet.
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J’ai certainement une approche plus « fleur bleue » et moins « analytique » que toi – et comprends parfaitement les critiques, le too much, le décentrage du récit, …. Je vois par ailleurs que la moitié de l’équipe éditorial des Cahiers du Cinema dit « à voir à la rigueur » ou même « inutile de se déranger » (à côté d’un 4* pour « chef d’oeuvre » (Michel Ciment !)… il y a donc bien de la place pour deux cinemagoers comme nous ! Pas de quoi pour le lien –
j’aime bien tes écrits – et merci d’être passé « chez moi » …
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Bien sûr qu’il y a de la place, c’est l’avantage du cinéma. Michel Ciment (Positif) est souvent bon public (ce n’est pas une critique). Et de rien pour le passage !
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Personnellement j’y ai vu un côté fable « écologique » qui m’a bien plu : la créature étant une métaphore de la nature sauvage que nous, les humains, essayons de dompter par la force et jusqu’à l’occire pour en tirer tous ses secrets. C’est là que je mettrais mon romantisme…même si j’ai trouvé, comme Strum, que l’histoire d’amour n’était pas assez développée.
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Belle idée que de mettre côte à côte à les deux créatures qu’un demi siècle d’histoire du cinéma séparent. Sans celle de del Toro est plus belle sur la photo (mais dans la première version, les gens l’ont vue en Noir & Blanc). Excellent choix que celui de « Revenge of the Creature » qui est effectivement la source d’inspiration du script de « shape of water », tous deux constituant une « suite » naturelle à « the Creature of the Black Lagoon »).
Je ne suis pas toujours dingue des films de del Toro (« Crimson Peak » m’avait pas mal déçu par son esbroufe visuelle) mais j’avoue qu’avec celui-ci, je me suis laissé couler dans l’émotion et le récit. Ceci dit, « le labyrinthe de Pan » lui reste supérieur.
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Je signerais entièrement ta dernière phrase !
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