Certains d’entre vous se souviendrons du film de la Nouvelle Vague Danoise de 1998 (prix de Jury à Cannes) …..d’après le Dogme de 1995 (Lars van Trier et Thomas Vinterberg)
La MC2 (coproduction de la pièce qui est passé à Paris aussi (Théâtre de l’Odéon) nous le sert – devant une salle comble (et à la fin debout ! (rare)) – dans la mise en scène de Cyril Teste (et son collectif MXM)
Synopsis
Tout le monde a été invité pour les soixante ans du chef de famille. La famille et les amis se retrouvent dans le manoir d’Helge Hansen. Christian, le fils aîné de Helge, est chargé par son père de dire quelques mots au cours du dîner sur sa sœur jumelle, Linda, morte un an plus tôt. Tandis qu’au sous-sol tout se prépare avec pour chef d’orchestre Kim, le chef cuisinier et ami d’enfance de Christian, le maître de cérémonie convie les invités à passer à table. Personne ne se doute de rien quand Christian se lève pour faire son discours et révéler de terribles secrets.
Cyril Teste « adapte » le film (qui lui même se base sur une trame théâtrale (on ne sait plus dit C. Teste si – à l’origine, dans les années ’90’ – il y avait d’abord le film ou d’abord la pièce de théâtre…. )
Performance filmique (sur le site de MXM) :
- La performance filmique est une forme théâtrale, performatice et cinématographique;
- La performance filmique doit être tournée, montée et réalisée en temps réel sous les yeux du public;
- La musique et le son doivent être mixés en temps réel;
- La performance filmique peut se tourner en décors naturels ou sur un plateau de théâtre, de tournage;
- La performance filmique doit être issue d’un texte théâtral, ou d’une adaptation libre d’un texte théâtral;
- Les images préenregistrées ne doivent pas dépasser 5 minutes et sont uniquement utilisées pour des raisons pratiques à la performance filmique;
- Le temps du film correspond au temps du tournage.
Ainsi cela devient une prouesse technique qui est à la fois théâtrale et filmique. Nous, les spectateurs regardent donc d’une part la pièce jouée sur scène (devant) et/ou en coulisse et pouvons observer sur un grand écran, la vidéo réalisée et projetée en direct (2 caméras)….. avec pour 3% (à savoir qqs scènes « hallucinées/rêvées/fantasmées des insert – imperceptibles – de préenregistrements)… Hallucinant.
Par ailleurs, drôle d’idée, mais saluée par les acteurs – qui sont restés pendant 45 minutes (!) pour répondre à des questions devant une salle encore à moitié pleine : 4 spectateurs passent chaque soir le dîner » de « Festen » parmi les acteurs, jouant les invités de Helge Hansen…. tirés au sort ? préparé et guidé au minimum…. Préparé comme les repas pris par les comédiens (c’est réalisé en « direct » – et doit donc être servi pile-poil…..(avec un Pernand-Vergelesses pour les 4 invités du public….pas pour les acteurs, comme le souligne C.Teste)
Racisme, misogynie, violences faites aux femmes, inceste, différences de classes sociales….. sont les maîtres mots de cette pièce aux trames emprunté à Hamlet, s’inspirant du mythe de Orphée et Eurydice (un tableau de Corot qui a toute sa signification)….
Extrait du site de Libé :
http://next.liberation.fr/theatre/2017/11/16/digestion-difficile-a-la-table-de-festen_1610559
Ecran vs plateau, fiction vs réalité, passé vs présent, tout ça tout ça… On frétille d’avance une fois installé sur notre siège à Bonlieu – scène nationale d’Annecy où la pièce a été créée -, face à ce plateau augmenté d’un écran géant, surplombant une scénographie «vivante» elle-même scindée en différents espaces amovibles comme un effet infini de split screens : tous ces jeux à inventer avec la topographie même du théâtre, entre actions visibles au plateau et celles cachées dans les coulisses (mais révélées par les caméras) ! Que de choses à orchestrer entre champ et hors champ, entre images captées en live et en différé ! Certains vœux sont exaucés : avec ce tabouret de piano vide, que filme un cameraman sur le plateau pour retransmettre fidèlement la scène sur la vidéo du dessus, à ceci près que le siège visible à l’écran géant est, lui, occupé par la sœur suicidée.
Quant à moi, je suis sorti mitigé. Trop près de la scène (rang E) la vue d’ensemble était un peu « handicapée » et je devais faire parfois le choix entre la vidéo (et ses grands plans) ou l’ensemble…ce qui m’a perdu parfois, je ne savais plus si j’étais au cinéma ou au théâtre….. une sorte de trop-plein de signifiants aussi (questionnement pourquoi Teste souligne tel geste, pourquoi pas un autre….) Je n’ai (bizarrement) pas non plus « profité » du travail olfactif (il y a des essences qui irriguent la pièce selon les phases d’évolution du héro…. (essence de forêt, essence de maison… et ensuite florale (pour représenter la sœur jumelle). De plus j’ai eu le ressenti d’un spectacle un peu froid… « dérangé » aussi par les 2 cameramans …
Par contre, bluffé absolument par la performance millimétrée des acteurs en symbiose avec les caméras, l’intensité des acteurs (mention à Sophie Cattani (Hélène) et surtout Mathias Labelle qui joue Christian) …. dans un jeu tendu à souhait, et « même » larmes, ce qui m’impressionne toujours.
Et constate que deux jours après avoir vu le spectacle – et malgré le visionnage du film – il y a toujours des résonances… des flashs… une image….
Ooooh, j’aimerais assister à une telle performance! Pas trop proche, je m’en souviendrai. S’il te reste quelque chose, c’est bon signe. Perso, il me faut souvent plusieurs jours pour « digérer » une pièce!
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