Le dernier né de Margaret Atwood – lu en allemand (Das Herz kommt zuletzt) dans une excellente traduction de Monika Baart (la version française s’intitule : « C’est le cœur qui lâche en dernier » – traduit par Michèle Albaret-Maatsch) chez Laffont
Lors de la lecture je me suis dit, le livre pourrait servir de scénario pour une série TV (p.ex. chez Netflix) – et en me promenant dans le net j’apprends qu’il a été d’abord pensé et « écrit sous forme sérialisée pour un éditeur numérique » (Le Monde dixit).
Ceux qui ont aimé » La servante écarlate » seront (un peu) surpris, tant celui-ci était sombre et noir, tant le dernier né est certes également dystopique, mais sur le mode d’une fable burlesque et satirique, parfois bouffonnement hilarante (rires jaunes !).
Il commence comme une douce caricature (à peine quelques traits plus forcés) du monde d’aujourd’hui (avec un zest de la sauvagerie de « Lord of the flies » ou « Clockwerk Orange ») matinée d’un peu de Richard Fleischer (« Soleil vert »), de la série Under the Dome ou de « Brave New World » ou « 1984 » et se termine en mini-Guignol un peu too much avant de nous offrir encore une dernière volte-face…. qui donne toute sa saveur au livre (et ses réflexions sous-jacentes)

La nouvelle génération (2017) de « poupées gonflables »
Stan & Charmaine ont dû vendre leur maison ( pas entièrement payée…) et vivent désormais dans leur voiture. Tout petits boulots (pour une misère) et la peur continuelle de se faire détrousser (le pays est décrit en proie à une insécurité effrayante, dès que des bandes s’approchent trop de la voiture, ils re-démarrent) les pousse de plus en plus vers une clochardisation certaine. Ils entendent d’un programme expérimental (attractif et bizarre sur les bords) dénommé Positron/Consilience, à la recherche de (couples) volontaires…. . Ils passent haut la main les tests et vont participer au projet après avoir signé un contrat adéquat : Le projet consiste à vivre dans un lieu gardé, sous une surveillance (de caméras) omniprésente), quasiment sous cloche…. On passe un mois dans une prison de « luxe » (avec un travail et surtout des repas digne d’un bon restaurant), et change ensuite pour un mois (libre) dans une maison (et jardin) – avec un autre emploi à la clé avant de retourner de nouveau en « prison ». La maison est partagée avec un autre couple d' »alternants » qu’on est (contractuellement) censé de ne jamais croiser..
« CONSILIENCE = CONDAMNÉS + RÉSILIENCE. UN SÉJOUR EN PRISON AUJOURD’HUI, C’EST NOTRE AVENIR GARANTI. »
Stan va tomber, à partir d’une petit message sur papier, « amoureux » de la femme du couple alternant et se mettra à sa recherche. Charmaine de son côté a une affaire (une fois par mois !) passionnée avec l’homme de ce même couple d’alternants….. C’est le début des embrouilles, dans lesquels on va croiser des « prostibots » (robots prostitué(e)s), des nounours bleus tricotés, des poules non-consentantes, un trafic d’organes (et de sang de bébé pour régénérer le sang de personnes vieillissantes, une révolution de palais, des espions, ….
Notre sourire se fige (se glace) pas mal ….sur le monde décrit…. (dans un autre roman déjà M.A. avait décrit un monde dans lequel des clones seront les sauveurs du monde. Grâce à la manipulation génétiques ils ne savent pas ce que c’est la colère, la violence, ils ne veulent faire l’amour qu’une fois par an, ne mangent pas de la viande…) . « Le cœur qui lâche » ne va pas jusque là et s’interroge davantage sur l’importance de l’amour (sous toutes ses formes) « le cœur fait-il le poids face au sexe et à la cervelle ? La sexualité (sous pas mal de formes) est un des sujets de toile de fonds (homme objet, femme objet, vidéos d’ébats…) sans toutefois émoustiller le lecteur (même si c’est un plaisir (d’homme ?) de voir tout ce qu’une auteure peur mettre comme mots crus dans la bouche d’une femme…)
[pour les lectrices…]
La traduction allemande joue le registre de la répulsion-attirance sexuelle à fond – la langue (étonnante pour cette femme de 70 ans…. pas peur de nommer !….) – et je suis/reste bluffé de la différence de style et d’écriture entre « L’écarlate » et celui-ci….
J’ai passé un moment presque série-télévisuellement – avec des séquences plus ou moins captivantes – suis tombé sur deux/trois incohérences et pense toujours que « La servante écarlate » est un bien meilleur livre (et plus cohérent dans sa philosophie) -mais je ne partage pas (totalement) l’opinion (déçue) d’Antony que voici : https://leslivresdek79.wordpress.com/2017/12/28/360-margaret-atwood-cest-le-coeur-qui-lache-en-dernier/
Une lecture à des kilomètres lumières de la bienséance et du ronronnement de la littérature lambda…. mais aussi une lecture qui ne s’imprime pas vraiment, à savoir qui ne laisse pas de traces ni transforme le lecteur.
Il faut vraiment que je lise la servante écarlate. Je n’ai même pas vu la série.
J’aimeAimé par 1 personne
(pas (encore) vu la série non plus….. et pourtant qu’est-ce qu’on en parle…..!
J’aimeJ’aime