Les bien-heureux & Les Gardiennes

Une très belle surprise (et une déception)

J’ai renoué avec le (jeune) cinéma franco-(algérien) après avoir adoré « En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui).

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Film réalisé donc par Sofia Djama (c’est son premier long métrage) avec Sami Bouajila (Samir) marié à Nadia Kaci (Amel), leur fils Fahim et ses amis Feriel (dont la mère a été une victime de la guerre civile et Reda … film (presque) chorale autour de ces personnes auxquelles se joignent parfois d’autres (les amis du couple, un tatoueur et ses « amis », la ville de Alger…. et surtout la radicalisation (islamique/intégriste) rampante du pays « résultante » (selon le fils) de la révolution de 2008….

Toute la critique du film repose … sur une opposition entre l’extérieur, la vie publique, et l’intérieur, la vie intime. Plus le film avance, plus les rues, les routes et les commerces d’Alger deviennent un espace de répression potentielle, religieuse ou policière : un intégriste vient s’immiscer dans une dispute de famille en pleine rue ; Fahim est arrêté à tort pour détention de drogue ; Amal est menacée de prison pour avoir bu deux verres de vin. Au contraire, les appartements, les chambres sont des espaces de liberté et d’évasion. Les adultes dansent et boivent entre amis derrière leurs volets clos, les jeunes fument de l’herbe dans des squats étroits aux murs décrépits. La révolte des personnages tient donc à leur hédonisme obstiné, prêt à faire fi de toutes les règles de la charia. Mais, dans cet entrelacement de huis-clos, ce sont finalement toujours les mêmes gestes et les mêmes discours qui reviennent – chez Amel et Samir, les dîners entre amis tournent toujours au règlement de compte entre ceux qui ont fui l’Algérie et ceux qui sont restés. La circularité des mouvements et des discours révèle l’immobilisme des personnages, véritable allégorie de l’inertie du pays tout entier. Le père de Fériel en est une autre image émouvante : lui aussi reste cloîtré chez lui, figé et sidéré par la douleur du meurtre de sa femme pendant les années de plomb.   https://www.critikat.com/actualite-cine/critique/bienheureux/

J’étais bluffé par Nadia Kaci, l’actrice qui incarne Amel…. (elle est sublime, sensuelle, butée – et déjà vue – dans un rôle à l’opposé – dans « En attendant les hirondelles » ), c’est elle qui – à mes yeux – porte le film

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(au début je pensais que ce serait Sami Bouajila, bon et beau comme à son habitude)…..

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C’est Samit qui rêve d’ouvrir une clinique (se compromet donc avec le pouvoir mais est dans le viseur pour des avortements clandestins…).  C’est elle qui a envie d’offrir à son fils (et à elle) une meilleure vie en France. Certes, les propos sont parfois un peu trop « schématiquement démonstratifs » – le film veut certainement trop dire, ne rater aucune accusation/critique (avec les mots ET l’image) – mais ça a fonctionné pour moi…

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Trois récompenses ont couronné le film à la Mostra de Venise:  le Brian Award (décerné à un film défendant les valeurs de respect des droits humains, de la démocratie, du pluralisme, de la liberté de penser, sans les distinctions habituelles fondées sur le genre ou l’orientation sexuelle) ; ainsi que le prix Lina Mangiacapre (figure radicale du féminisme napolitain et italien) pour une oeuvre qui change les représentations, et les images des femmes au cinéma ! Et last but not least le Prix de la meilleure actrice dans la section Orrizonti pour Lyna Khoudri (Feriel)…. (en effet un bout de jeune femme « libre »).

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Le film permet de différents niveaux de lecture – et je suis sur et certain d’avoir raté des « allusions », des renvois à l’histoire récente du pays. Ce n’est pas un grand film, mais un film qui résonne.

Un blog avec pleines de photos de la séance du film à la Mostra de venise :

http://boaretto.unblog.fr/2017/09/08/les-bienheureux-a-la-mostra-de-venise/comment-page-1/

Enfin, pour clore, un article dans Le Monde daté de ce jour (21.12.2017) parle des jeunes (et diplômés) algérien qui « prennent le large ». « Ce n’est pas tellement qu’ils veulent partir en Europe (dit-il) . C’est surtout qu’ils ne veulent pas rester ici. » (Zahra Chenaoui)

 

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Nouvelle soirée de soutien au cinéma français (classique).

C’était il y a 6 ans que j’ai vu le dernier film de Xavier Beauvois (des-hommes-et-des-dieux/)…. dont encore plus loin dans le temps j’avais aimé « Le petit lieutenant »… Là, j’ai cédé aux sirènes de la pub et suis allé voir  ce film avec Nathalie Baye et Laura Smet ainsi qu’une nouvelle venue au cinéma qui mérite le détour (en effet) : Iris Bry, avec une belle présence – et plus crédible en « agricultrice » que n’est Laura Smet…..

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Ce qui valait pour « Des Hommes et des dieux » s’applique également à ce nouveau travail de X. Beauvois…: il faut s’armer de patience, comme une agricultrice dépendant des saisons…. Bon nombre de détracteurs du films disent « que c’est lent…qu’est-ce qu’on s’ennuie… »… et il faut dire que le côté chromo, les maquillages de Nathalie Baye, la quasi-absence de la guerre (sauf dans les cauchemars des hommes en permission du front) rendent le tout un peu irréel, « fausse » dirait l’autre.

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Après une longue exposition – avec de belles lumières du Nord – le « drame » se noue à partir de la moitié du film (toutefois la mise en scène nous l’annonce déjà). Louable en tant que tel, l’exercice qui consiste à donner une place aux femmes (en effet, quel était leur vie une fois les hommes revenus du front, elles qui avaient tout régenté, introduit, comme ici la mécanisation, ayant assouvie leur envies charnelles aussi  face à l’absence ???) est certainement réussi, mais ça reste un chromo presque télévisuellement et bizarrement fichu.

On peut oublier….

A propos lorenztradfin

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Un commentaire pour Les bien-heureux & Les Gardiennes

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