Corbeaux ou corneilles

Repose-toi-sur-moi-quand-Joncour-se-fait-tout-petit-devant-une-poupee

Présentation de l’Éditeur  Flammarion:

Aurore est une styliste reconnue et Ludovic un agriculteur reconverti dans le recouvrement de dettes. Ils n’ont rien en commun si ce n’est un curieux problème : des corbeaux* ont élu domicile dans la cour de leur immeuble parisien. Elle en a une peur bleue, alors que son inflammable voisin saurait, lui, comment s’en débarrasser. Pour cette jeune femme, qui tout à la fois l’intimide et le rebute, il va les tuer. Ce premier pas les conduira sur un chemin périlleux qui, de la complicité à l’égarement amoureux, les éloignera peu à peu de leur raisonnable quotidien.
Dans ce grand roman de l’amour et du désordre, Serge Joncour porte loin son regard : en faisant entrer en collision le monde contemporain et l’univers intime, il met en scène nos aspirations contraires, la ville et la campagne, la solidarité et l’égoïsme, dans un contexte de dérèglement général de la société où, finalement, aimer semble être la dernière façon de résister.

  • Différences entre des corbeaux et des corneilles

corneille-corbeaux

Aurore + Ludovic = « Boy meets girl » en version adulte et « sociale » (la rencontre entre l’escalier C et l’escalier A…..un peu en version « conte de fée » aussi) matinée des difficultés d’une PME, d’une entourloupe capitaliste dans un monde féroce, et du monde agricole vs monde des ville, de la description du travail quotidien d’un homme travaillant dans le recouvrement de dettes (qqs scénettes bien senties)….

Aurore (le lever de soleil dans la vie de Ludovic, celui que « rien ne gêne », « rayonnant d’une densité minérale, naturelle, brute. » (p. 89)) « représentait bien tout ce qu’il détestait de Paris, tous ce qu’il rejetait, tout ce qu’il aurait dû fuir, et pourtant elle l’attirait. Tout d’elle l’attirait »  (p. 77)

Cette attirance se transformera en « amouurr »….. (et S.J. nous servira qqs scènes « hot » (douces « préliminaires avortées » p. 139/140, la tension monte d’un cran p. 184/185 et les tourtereaux deviennent carrément super-hot dans la salle d’attente avant un rdv important chez le méchant Kobzham (p. 198/199)…

Malgré ou justement à cause de cet amour moins aveuglant qu’on ne le pense (les deux protagonistes sont assez souvent pris de doutes – c’est que Aurore est marié + enfants et lui est veuf (et pense encore souvent à (sa) Mathilde décédée il y a qqs années).

Serge Joncour joue avec nous, peut-être même qu’il se joue un peu de nous…. dans une langue simple, parfois parlé (finalement très accrocheuse, addictive, fluide à souhait), et avec une structure narrative loin de la « sophistication » de Mrs. Hemingway . Ainsi il il arrive à me capter, entraîner dans cette histoire à laquelle je ne pouvais croire (impossible de voir en Aurore (l’oie blanche) cette styliste qui a monté une entreprise laissant tout le gouvernail à un partenaire qui va vouloir la doubler….)… et sur une trame logique mais cousu de fil blanc Joncour transforme le roman même en un quasi-thriller (toutefois un peu mou) vers le 3e tiers…

Roman de vacances (427 p), dévoré en quelque trois jours (si je me souviens bien). Un hymne à la vie, aussi fragile qu’elle soit, même (ou surtout grâce ?) aux pas de côté…. Mais oui, la vie nous offre pleines de surprises et possibilités – si nous voulons voir. Et ça, chapeau l’artiste, Joncour arrive à bien le (de-)montrer.

Les critiques de l’époque et le jury du prix Interallié soulignaient la « sensibilité et grâce » avec laquelle l’auteur tisse ses mots autour de la rencontre de deux solitudes, de deux mondes qui à priori n’étaient pas censés se rencontrer. Il y a en effet, à mon avis, des moments de « grâce et sensibilité » (notamment quand il parle des interstices entre ce qu’on pense – vraiment – et ce qu’on dit ….) mais dans l’ensemble je trouvais que Serge J. a taillé un peu trop à la serpe ses personnages et n’arrive pas, malgré un incontestable travail de documentation, à faire vraiment exister le monde de l’entreprise, les rouages du capitalisme…. et cela malgré les multiples indices/panneaux qui parsèment le livre : inégalités de revenu, longévité du sentiment de classe, Paris vs province, l’endettement des « sans dents » , l’agriculture/viticulture et les produits chimiques toxiques….

Donc dans l’ensemble mitigé – je suis un peu midinette, donc je marchais pour le couple –  mais mon côté cérébral ne trouvait pas tout à fait son compte. Le livre donnera un bon téléfilm….

Pourquoi le prix :

Serge Joncour met en scène une rencontre improbable entre un ancien agriculteur et une styliste de mode. Avec une belle plume l’auteur nous propose cette histoire d’amour entre deux solitudes. La délicatesse de l’auteur nous immerge dans l’intimité de ses deux personnages et leur profondeur psychologique. Le style d’écriture est très agréable, les phrases sont poétiques et mélodieuses ce qui permet de se laisser facilement porter au fil des pages. Les descriptions et les dialogues se succèdent et donnent un vrai rythme au roman. Ce récit va à l’encontre des livres plutôt sombres de la rentrée littéraire. L’œuvre de Serge Joncour est un roman optimiste, une histoire d’amour qui fait du bien au moral

D’autres critiques que la mienne :

https://www.lalivrophile.net/repose-toi-sur-moi-de-serge-joncour

http://lismoisituveux.com/repose-toi-sur-moi-serge-joncour/

A propos lorenztradfin

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3 commentaires pour Corbeaux ou corneilles

  1. Elisa dit :

    Ah flûte, je l’ai acheté et c’était dans mes prochaines lectures… Bon tant pis, la prose de Joncour mérite de toutes façons le détour… Merci pour ta chronique 🙂

    J’aime

    • lorenztradfin dit :

      En effet, elle le mérite sa prose (et c’est addictifs et doux)…. Je suis un peu dur certainement, mais j’avais vraiment un peu de mal à adhérer aux personnages … La cheffe d’entreprise qu’est Aurore …. je n’y ai crû à quasiment aucun moment… (probablement je suis un peu influencé par mes expériences de « freelance » et traducteurs de textes économiques (avec des philosophies plutôt teintées libérales et ancré dans une réalité économique. Les 2 lectrices qui l’ont lu pendant les vacances avant moi ont adoré …Bonne lecture – et dis moi ce que tu en as pensé !

      Aimé par 1 personne

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