Vacances obligent :
mes articles se font plus rare. Parmi mes lectures d’été voici un livre dont la présentation (courte) dans le Monde m’avait titillé :
Présentation de l’Editeur :
Un clou chasse l’autre, dit le proverbe. Ainsi la généreuse et maternelle Hadley Richardson a-t-elle été remplacée par la très mondaine Pauline Pfeiffer ; ainsi l’intrépide et célèbre Martha Gellhorn a-t-elle été éloignée par la dévouée Mary Welsh. C’est un fait : Hemingway était un homme à femmes. Mais l’auteur de Paris est une fête ne se contentait pas d’enchaîner les histoires d’amour. Ces maîtresses-là, il les a épousées. Au fil d’un scénario ne variant que de quelques lignes, il en a fait des Mrs Hemingway : la passion initiale, les fêtes, l’orgueil de hisser son couple sur le devant d’une scène – la Côte d’Azur, le Paris bohème, la Floride assoiffée, Cuba, l’Espagne bombardée … – puis les démons, les noires pensées dont chacune de ses femmes espérait le sauver.
Naomi Wood se penche sur la figure d’un colosse aux pieds d’argile, et redonne la voix à celles qui ont sacrifié un peu d’elles-mêmes pour en ériger le mythe.
http://www.gallimard.fr/Catalogue/Table-Ronde/Quai-Voltaire/Quai-Voltaire/Mrs-Hemingway
Un peu réductrice peut-être cette présentation, mais une 1ere porte d’entrée dans ce court roman traduit de l’anglais (excellemment par Karine Degliame-O’Keefe) qui m’a beaucoup plu et même un peu remué mine de rien.
Naomie Woods retrace en 4 « livres » les 4 mariages de Ernest Hemingway : Hadley, Fife (Pauline), Martha, Mary…. chaque « livre » débutant au moment/la date charnier/-ère de la consommation de la fin d’un mariage et le début du « nouveau »…. avec des retours en arrière qui retracent les prémisses de chaque phase. Portrait en filigrane aussi de Ernest, l’homme qui ne concevait pas vivre seul. Naomie Woods s’est basé pour cela sur un corpus de recherche immense – et des voyages à tous les endroits de résidence des Hemingway (Paris, Antibes, Key West, Cuba…)
Ah, ce séducteur insatiable (N. Woods) et éternel insatisfait (et borderline – le dernier chapitre en témoigne et ses accès de dépression ont été souvent décrits).
Naomi Wood montre toutefois dans son récit éclaté (on a besoin de quelques 40 pages pour s’y faire avec ces changements temporaires – qui toutefois prennent tout leur sens au fil de la lecture) que la situation (de chaque femme – et de Ernest au fil de sa carrière) a été chaque fois beaucoup plus complexe. Les quatre femmes étaient intelligentes et pas dénué de moyens (Fifi était même très riche). Elles auraient donc pu le quitter chaque fois avant que lui ne le fasse, et pourtant, elles sont restées, assurant parfois une sorte de transition – et pourquoi ? Aussi pour le ménager le beau gosse qu’il était.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ernest_Hemingway
Ce que j’ai aimé c’était le style qu’aucun diraient « sophistiqué » (parole de lectrice pendant les vacances), le fait aussi qu’il n’y a pas bcp d’explications (les faits, les faits – et entre eux des liens romancés) et elle nous donne (à nous les hommes) des pistes (souvent en sous-texte) pour comprendre un homme qui a mis bcp de temps pour être accepté par les critiques (longtemps après avoir été apprécié par des cohortes de lecteurs).
Parsemé d’anecdotes parfois drôles, parfois tristes – qui m’étaient souvent inconnues (comme l’était ce ménage à 4 pour moi…. – et n’oublions N.W. ne parle que dans certaines interstices des multiples aventures féminineq qui ont jalonné la vie de Ernest H.) – Paris, le Ritz et sa cave…., – le livre instille une mélancolie que Fife a bien ressentie aussi quand elle écoute
Certainement pas chanté par B.H. mais les paroles allaient parfaitement avec ce qu’elle ressentait…..
‘Cause all of me
Loves all of you
Love your curves and all your edges
All your perfect imperfections
Give your all to me
I’ll give my all to you
You’re my end and my beginning
Even when I lose I’m winning
‘Cause I give you all of me
And you give me all of you, oh oh
Merciii, une découverte excitante!
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Pour moi aussi elle l’était. …et il égratigne un peu le colosse en pieds d’argile tout en gardant un halo d’admiration. ..
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