Au théâtre cette semaine à la MC2 une tragi-comédie de la dramaturge anglaise Nina Raine (traduite par Theo Hakola*) et mise en scène par Mélanie Leray. « Tribes/ Tribus »
C’est l’histoire d’un couple d’universitaires juifs proches de la retraite, qui vit encore avec ses grands enfants. L’aîné, Daniel, écrit une thèse sur le langage ; Ruth, la fille, est chanteuse d’opéra, et le cadet, Billy, qui est sourd, revient vivre à la maison. Il oralise, n’a jamais appris la langue des signes, mais rencontre Sylvia, une jeune fille au départ entendante, grandie dans une famille sourde, affectée par une maladie génétique qui la rend progressivement sourde. Sylvia initie Billy à la langue des signes. … L’essentiel de la pièce tourne autour de cette histoire et la problématique est celle du langage et de la hiérarchie supposée entre les langues (entretien avec Mélanie Leray dans « La Terrasse ») – ou aussi celle des silences et paroles vives (moi).
La pièce est une co-production de la MC2, le Canal-Théâtre du Pays de Redon, a été créée à Bourges, est passée à Paris (Théâtre du Rond-Point) et a eu le soutien entre autres du Théâtre National de Bretagne…
C’est moins un texte sur la surdité que sur la difficulté de communiquer au sein d’une famille « dysfonctionelle » d’aujourd’hui, tribus(taire) de ceux qui entendent et ceux qui n’entendent pas – et de tribus, le pas vers « groupe » n’est pas loin, et vu que l’homme est un loup pour l’homme pas loin de « meutes » non plus je m’approche de termes tels que « malentendus », « conflits », « haine » et/ou aux questions autour de termes tels que « appartenance » (à un groupe), « communauté », « famille », « exclusion »…..ou aussi « le monde du silence » ou « le monde dans lequel personne n’entend/écoute vraiment »…
On rit (un peu jaune) au début de la pièce quand on assiste aux duels des personnages assez narcissiques (affichant tous – sauf Billy – des approches passives et/ou agressives d’écoute (ou non-écoute : radio/écouteurs/smartphones….qui s’expriment ensuite dans des engueulades, l’humour (vache/singe), la langue des signes (absent dans la 1ere partie, présente dans la 2e), ou l’écriture aussi) qui masque maux et blessures La présence de la musique (notamment à un moment dans lequel passe un air de Mozart) permet de montrer que l’émotion et le plaisir d’entendre ne peut pas vraiment être partagé (ce qui est confirmé ensuite lors d’une scène dans laquelle Sylvia joue au piano – et tout le monde écoute – différemment)… et toujours la langue… Finalement c’est le premier des 2 actes qui est le plus passionnant (intéressant). Après l’exposition des personnes, de leur failles et faiblesses (et/ou forces) le 2e acte montre le lent processus d’éloignement du fils sourd, son apprentissage de la langue des signes (que les parents ne voulaient jamais apprendre ni lui faire enseigner (l’isolant ainsi davantage), sa relation avec Sylvia, les frustrations des autres membres de la famille….et la grande question « comment peut-on sentir quelques chose, avoir un sentiment si on n’a pas de mot pour le désigner » (impliquant ainsi que les signes ne peuvent pas exprimer des sentiments) – la pièce perd en acuité…
Ce n’est pas la surdité qui rend sourd et ce n’est, certes, pas l’intelligence qui rend moins con.
Mention spéciale à Leslie Bouchet – elle joue Sylvia : présence très forte, passant d’un sourire irradiant à une colère douloureuse en un clin d’œil.
* »Contacté pour traduire Tribes j’ai répondu « oui » assez facilement et ce, pour deux motifs simples : (1) envie de payer mon loyer, et (2) envie de travailler avec Mélanie Leroy ….. »
Hahaha! c’est vrai ça, l’intelligence n’évite pas la connerie!
….Mais c’est quoi l’intelligence???….
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ouhlala – je n’ai pas encore bu mon Saint-Veran pour pouvoir répondre à cette question !
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Personne ne peut : il n’y en a pas qu’une!
ps. C’est quoi ce saint à boire?
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Ca se bois comme du petit lait :
http://www.hachette-vins.com/tout-sur-le-vin/appellations-vins/252/saint-veran
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