Le titre v.o. du livre de Jon Sealy est « The whiskey baron » traduit par Michel Lederer entretien-avec-michel-lederer (de 2013) récipiendaire en 2015 du Grand prix SGDL de Traduction.
Présentation de l’Editeur (dans la section « Terres d’Amériques ») Albin Michel
Caroline du Sud, 1932. Par un soir d’été caniculaire, le vieux shérif Furman Chambers est tiré de son sommeil par un coup de téléphone : deux hommes ont été froidement abattus à la sortie d’une ancienne auberge qui sert désormais de couverture au trafic d’alcool de Larthan Tull, le « magnat du bourbon ».
Quand Chambers arrive sur les lieux, le nom du coupable circule déjà : Mary Jane Hopewell, un vétéran de la Grande Guerre, qui vit en marge de la société. Mais le shérif, sceptique de nature, décide de mener l’enquête et se retrouve plongé dans une spirale de violence qui va bouleverser le destin de personnages inoubliables.
(Alléché par le rajout en 4e de couverture de la citation suivante : « Ce roman, c’est un peu comme si Cormac McCarthy et William Faulkner réécrivaient le scénario de la série Boardwalk Empire, aidés dans leur inspiration existentialiste par un bon alcool fort. » (Richmond Times Dispatch), je me suis dit : why not ? (changeons un peu de la littérature française). Pour le changement j’étais servi :
Nous sommes en pleine prohibition, peu avant le new deal de Roosevelt, à la sortie de la grande dépression. Jon Sealy nous propose un roman loin des canons d’un thriller ou roman noir classique. Il y a une multitude de personnages qui vont tisser un tapis de récit de plus en plus dense.
Mary Jane (malgré son « nick name » un homme), étonnant personnage, s’est mis en ménage distendu avec « la veuve » Abigail Coleman et rêve, un peu comme un gangster des frères Cohen dans « Fargo » de doubler le magnat du bourbon par les mains duquel passe le trafic de whisky de la région. Il y a le frère de Mary Jane, Jo aussi et ses fils Willie et Quinn. Quinn lui est amoureux d’Evelyn, la fille de Larthan Tull (qui, bien entendu, ne voit pas d’un bon œil cette liaison naissante. L’acolyte et homme à tout faire de Tull est Dock. Enfin il y a Chambers (le shérif de presque 70 ans) – et sa femme (Alma) et finalement la distributrice du whisky dans la région Tante Lou ainsi que des représentants du FBI.
Rajoutez à ces personnages – dont J. Sealy dresse le portrait à tour de rôle / tour de scène : le monde agricole (les champs de mais à pertes de vue) et l’industrie textile (seul pourvoyeur de travail depuis que les agriculteurs ont dû vendre leur exploitations) avec ses usines de tissage – mixez ça avec un peu de whisky et vous trouvez un roman mêlant noirceur, relations familiales, lutte de pouvoir, justice fermant ses yeux (les pattes graissées), tableau historique (avec des personnages qui écoutent Bessie Smith ou lisent Caldwell « Le bâtard »).
Bessie Smith – Personne sait quand t’es au bout du rouleau
Le rythme est assez lent (au moins au début, mais s’emballe et se densifie sur les 50 dernières pages. Cet emballement est certainement dû aussi au fait que vers la fin J. Sealy s’est décidé de faire exploser les divers fils narratives et drames potentiels préparés tandis que dans la première partie il ne semblait pas savoir quel type de roman il voulait écrire : fresque avec déscription d’une période violente, étude de caractère (Joe, Mary Jane ou Chambers, le shérif près du burn-out réfléchissant sur sa vie, son mariage, toujours en mode de deuil pour ses fils morts sur les champs d’honneur en Flandres), chasse-à-l’homme, policier…, Romeo & Juliette en Caroline du Sud ?
“There’s laws from God, there’s laws from man, and there’s the law of the economy, and those things don’t always agree, especially when you’ve got a banker to pay.”
Je n’ai finalement pas trouvé bcp de Faulkner (sauf pour le Sud), ni de McCormack non plus, peut-être un zeste de Boardwalk Empire, mais j’ai lu le roman avec plaisir, il dégage une ambiance tout à fait poisseuse et palpable. Parfois il y a des scènes/moments/rencontres digne d’une « short-story » mais qui ne font pas avancer le récit (donc ralentissent la lecture), un peu perturbateur, ais dans l’ensemble certainement un auteur qu’on devra garder à l’œil.
Nyctalopes écrit (extrait) dans son blog :
« Un seul parmi les vivants », particulièrement bien écrit aux multiples personnages frappants, dignes des grandes tragédies, séduira les lecteurs exigeants désirant connaître toutes les ramifications du mal, de ses origines, à sa réalisation et à ses conséquences. Roman noir s’il en est « Un seul parmi les vivants » peut aisément être comparé par son style, sa puissance, son ampleur, sa dimension dramatique à un autre premier roman le fabuleux « la culasse de l’enfer » de Tom Franklin et souhaitons à Jon Sealy la même carrière que celle de l’auteur du « retour de Silas Jones ».
http://www.nyctalopes.com/un-seul-parmi-les-vivants-de-jon-sealy-albin-michel/
Mon post la semaine prochaine, beaucoup aimé
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On va voir ce que Simone en dit… c’est vrai qu’entre Faulkner et McCarthy, ça fait saliver.
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en effet !
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