« Le camp des morts » – Craig Johnson
C’est en 2015 que j’ai lu dark-horse, et c’était un régal de retrouver une « nouvelle » (c.à.d. ancienne) enquête de Walt Longmire, le héro récurrent du formidable C. Johnson très bien traduit, comme à son habitude par Sophie Aslamides (lu en poche – Points).
Comme mon amie Simone j’ai envie de m’exclamer : « Aaaah ! Nom d’un chien ce que c’est bon de lire un bon, vraiment bon bouquin !!! Comme c’est agréable de dévorer une histoire aussi bien écrite ! »
Télérama avait écrit en 2010 :
Il faut se méfier des montagnes silencieuses, des plaines endormies et des cités minuscules où tout le monde se connaît. Ici, à Durant, dans ce coin du Wyoming, Etats-Unis, on y meurt, et pas toujours de façon très naturelle. On y tue aussi, c’est ce que pense notre bon shérif Walt Longmire, déjà rencontré dans un précédent roman (magistral) de Craig Johnson, Little Bird (2009). Walt Longmire, ours mélancolique et attachant, succombe à ses vieux démons : coûte que coûte faire surgir la vérité, rendre une dignité aux victimes, et que justice soit faite. Au risque de réveiller un passé englouti sous une chape de silence, au risque de révéler horreurs et douleurs, d’ébranler sa petite communauté si tranquille, et d’en être lui-même abasourdi, Longmire ne croit pas aux apparences.
Une vieille dame, pensionnaire d’une maison de retraite, meurt dans son lit. C’est simple. Trop simple pour le shérif au flair impitoyable et au cœur gros et bon comme un roman de Craig Johnson. Ex un peu tout – cow-boy, professeur d’université, flic, pêcheur professionnel, charpentier et aujourd’hui bel et bien écrivain -, Craig Johnson donne vie à des personnages formidablement plantés, tous attachants. Autour du shérif, son copain, son double, Henry Standing Bear, Indien et patron de bar, ses coéquipiers, femmes et hommes séduisants, son mentor, Connally, qui lui a appris le métier… Il y a bien sûr un vilain, mais il se cache quelque part, dans l’histoire.
Avec une puissance narrative digne des hautes plaines de l’Ouest américain, Craig Johnson, par le biais d’une enquête policière, écrit un hymne de compassion aux gens de là-bas, et sans doute d’ailleurs, quand le destin s’acharne à meurtrir les purs. Avec cette deuxième aventure de Walt Longmire, Craig Johnson convie le lecteur à partager son univers doux-amer, fait de tendresse et d’humour liés à la vie à la mort. On se sent comme chez soi dans ce Wyoming déchiré. Mieux qu’un polar, Le Camp des morts pourrait bien être un grand roman d’amour. M.L.
et je ne puis que souscrire (aussi bien au résumé mieux ficelé que la 4e de couv du livre de poche – qu’au louange du style (donc de la traduction aussi) et de l’attachant personnage qu’est Longmire.
Magnifiques scènes (découpées en mode cinématographique) resurgissants du passé (notamment p. 169 ss), un humour pince sans rire, des réflexions sur la vie, la mort, le temps qui passe, les basques (mais oui !), des sentiments refoulés….
Tout est dans ce même ton entre air désabusé, écorché vif…..,
« – Comment va ta mère ? » Elle écrasa la canette une fois la dernière gorgée avalée. « Elle dit que j’aurais besoin de m’envoyer en l’air. » Je hochai la tête pour commenter la sagesse de cette remarque, et contemplai la canette écrasée dans le creux de sa main. « Peut-être elle a raison. » « Elle me dit que tu en aurais besoin aussi….Ne le prends pas personnellement. C’est le conseil qu’elle donne à tout le genre humain depuis le jour ou Khrouchtchev a tapé sur la table de négociations aux Nations Unies avec sa chaussure…. » « Quelque chose me dit que ta mère n’emploi pas l’expression « s’envoyer en l’air ». « Non, elle dit « se rouler dans le foin », mais ça n’a pas les mêmes résonances poétiques. » (p. 232)
Un livre qui fait sourire, qui rend mélancolique aussi, avec un zeste de violence et accélération et qui, enfin, donne faim aussi : Longmire mange pas mal de Rugelach….
je les aime, et Johnson, et Longmire
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