Cy & Sergueï à Paris – Janvier 2017

A Paris pour un week-end (sous la grisaille, sous le soleil, sous la pluie-neige) – pendant qu’à Grenoble et la vallée du Grésivaudan la neige a fait son apparition (40cm à Bernin !)

Comme d’hab’ au programme de la Capitale : un déjeuner (rapide) avec un donneur d’ordre, la marche à pied dans les rues, des expos’ et surtout, surtout les enfants….et amis.

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Au Centre Pompidou le choix entre Margritte et Cy Twombly – et après avoir lu l’excellent article consacré par la culturieuse https://culturieuse.wordpress.com/2017/01/10/cy-twombly-1928-2011-§-reminiscences/ au dernier des deux, je me suis dit : « Affronte-le, Bernhard, tu en sortiras grandi. » L’Exposition avait également l’avantage d’être moins demandée (c.à.d. moins de queue et attentes) que celle du grand belge (Par ailleurs, elle durera jusqu’au 24 avril 2017)

Le Centre Pompidou qui va par ailleurs fêter ses 40 ans en février 2017, nous propose de retracer soixante ans d’une carrière d’un artiste considéré comme majeur. Cy Twombly (1928 – 2011) y est  représenté par 140 peintures notamment autour de trois cycles monumentaux (Nine Discourses on Comodus ; Fifty days at Iliam et Coronation of Sesosrtis).

Pour être franc, ce peintre est finalement trop « lettré » pour moi. Malgré les « explications » et la mise en bouche par la culturieuse je n’ai pas trouvé de porte d’entrée pour une émotion quelconque. (sauf peut-être devant le tableau ci-dessous – dans la série des Nini’s painting) :

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Le catalogue nous dit « Son graphisme est poésie, reportage, geste furtif, défoulement sexuel, écriture automatique, affirmation de soi, et refus aussi….il n’y ni syntaxe, ni logique, mais un frémissement de l’être, un murmure qui va jusqu’au fond des choses » (P. Restany)

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J’ai dû rire à un moment : un couple de visiteuses de l’expo (visiblement amies de longue date) se regardent devant un tableau et il y a une des deux qui se penche vers l’autre en disant : »Tu ne trouves pas qu’un enfant peut faire ça ?  » – l’autre la toise et dit « Meuh non, regarde bien, il ne l’aurait pas fait de cette manière-là. Ça ici c’est un vrai travail d’artiste. »

Toute autre chose – un tout autre programme : La visite à la Fondation Vuitton et la grande position  « Icônes de l’art moderne – La collection Chtchoukine » (jusqu’au 20 février). Là on ne retrace plus 60 ans d’un seul peintre mais une petite douzaine d’années d’un collectionneur russe éclairé, ami (et commanditaire) de Matisse, qui très tôt a collectionné des Monet, Vuillard, Degas, Picasso, Gauguin (ainsi que les Xan Krohn, Frits Thoulow ou Eugène Carrière – vous les connaissiez ?)

Avec la guerre 1914-1918 et la révolution russe Chtchoukine va tout perdre, nationalisation en 1918 de toute sa collection qui entre dans un « Musée de la nouvelle peinture occidentale » (274 œuvres !!), Musée qui deviendra le GMNZI – Musée National d’Art Moderne Occidentale… dissolue en 1948 par décret de Staline. La collection sera repartie entre le Musée Pouchkine (Moscou) et l’Ermitage (Saint-Petersbourg).

En effet, le promeneur dans ces salles du magnifique flagship culturel de Vuitton, ne sait plus ou tourner sa tête  –

Presque chaque tableau est un marqueur de l’Histoire de l’Art, l’homogénéité des œuvres est étonnant… on a du mal à se dire, qu’une oeuvre, un tableau est plus « faible », plus « petit » qu’un autre. Oui, peut-être les Rousseaux, avec nos yeux d’aujourd’hui  (d’ailleurs drôle de bribes de conversation entendus devant justement le douanier : Un garçon, visiblement de la bonne société du 16e, qui s’écrie au vu des personnages endimanchés du tableau : « Qu’est-ce qu’ils sont moches, ils ne sont pas bô. » Son père (?) lui dit : « Mon garçon, ce n’est pas qu’ils sont pas beaux. il faut savoir sortir des conventions. »

Drôle aussi un échange entendu entre deux amies d’un certain âge dans la dernière salle de l’expo (ou les œuvres cubistes de Picasso côtoient des Malévitch et notamment un très beau Ivan Klioune (Lumière rouge) qui m’a paru comme une préfiguration d’un Rothko.

L’une se penche vers l’autre et lui dit : « C’est quand-même très différent du reste ! »

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Donc pour moi très peu de « découverte » (sauf peut-être Krohn et Carrière), donc très peu d’œuvres que je n’ai pas encore vues – c’est ça quand on a une âme de « globe-trotter ». Certes, je n’étais pas encore en Russie, mais j’ai eu la chance d’avoir fait en 1993 le déplacement direction Düsseldorf et ma famille couplé à un détour pour la ville d’Essen dans le Musée Folkswang pour voir la grande exposition « Die Sammler – Les collectionneurs » (Chtchoukine – en allemand Schtschukin et Morosow) exposition qui à l’époque était une des expositions les plus fréquentées dans un musée allemand (plus d’un demi-millions de visiteurs) et dont j’ai gardé précieusement le catalogue (Dumont).

[un magnifique Signac que je ne me rappelle pas d’avoir vu de par le passé)

Toutefois, rétroactivement impressionné par ce grand homme Chtchoukine et l’écroulement de son « oeuvre », malmenée par la grande Histoire.

Bon dîner ensuite au Trocadero, au Restaurant de l’homme   http://fr.newtable.com/restaurant-le-cafe-de-l-homme-398.php avec vue sur la Tour Eiffel scintillante toutes les heures, une cuisine gourmande, assis quasiment à côte de Jean Michel Ribes qui lui était accompagné par une toute jeune femme (et ce n’était pas sa fille…). Un peu cher peut-être, à l’aune des standards Grenoblois, mais belle ambiance, service décontracté…. pour mieux se rendre compte après des SDF qui se couchent sur les grilles de métro pour se chauffer un peu.

Dimanche joué au touristes (avec les enfants) – Montmartre :

Gris, froid, humide (pluie-neige) – les terrasses vides.

 

 

 

 

 

 

 

 

A propos lorenztradfin

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6 commentaires pour Cy & Sergueï à Paris – Janvier 2017

  1. Un peu les mêmes réactions que toi. Twombly, j’ai bien aimé les toiles avec couleur, les saisons, mais pas bouleversée non plus, juste curieuse et intriguée, ce qui n’est déjà pas mal ! « L’étreinte » de Picasso m’a bouleversée, le Signac, oui, merveilleux, le cheval bleu de Gauguin…Quant à moi, pas globe trotter, j’ai découvert des tas de choses, je n’ai pas cessé de m’extasier; je n’étais pas la seule et ça faisait plaisir…Et comme toi j’ai entendu pas mal d’âneries, venant plus de gens censés être « avertis » que de néophytes, heureux d’être là, curieux et ouverts. Ces gens « avertis » – les possédants, les sachants – qui forts de leurs origines bourgeoises se croient les maîtres du monde. Mais on s’en fout, n’est-ce pas ? Nous on est joyeux et jamais blasés ! Bises !

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  2. worldcinecat dit :

    Expo Chtchoukine : j’ai ressorti mes photos de téléphone de l’Ermitage où je ne savais pas où donner de la tête face à tant de Gauguin (il me touche) eh bien, je n’en ai pas retrouvé un seul !!! ils sont forts ces russes ils doivent avoir 80% de ses toiles à Gauguin. Vous n’avez pas de chance, moi je me marre toujours avec d’autres curieux goguenards face à une toile toute blanche ou toute noire et là tes toiles de Twombly ….pas de syntaxe, je l’aurais deviné.

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  3. CultURIEUSE dit :

    Toujours de chouettes photos, Bernhard! Bien sûr, le geste artistique qui ressemble à un gribouillis fait rire, c’est normal. Est-ce pourtant si facile de trouver en soi, l’adulte, la liberté du très jeune enfant, surtout en étant fin lettré comme Twombly? Et d’inscrire cela dans la durée, celle d’une vie entière? Ce qui me fascine chez les artistes, c’est leur démarche et la part d’âme qu’ils nous offrent dans leur travail et chez Twombly, elle est passionnante tout en gardant un mystère insondable. En réalité, on le croit silencieux mais il s’exprime par allusions. L’expo montre une évolution cohérente, ce qui permet d’effleurer le parcours de l’homme. Juste dans ses limites à lui, mais en laissant une place pour celui qui regarde.
    Et tout ça met du temps à émerger, je suis lente…je la reverrais bien, cette expo, cérébrale et instinctive à la fois…
    Je regrette de ne pas être allée à Vuitton, merci pour tes images qui donnent envie!

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    • lorenztradfin dit :

      …. pourtant la série inspirée par l’assassinat de Kennedy est loin de « l’enfance » – c’est juste que j’avais du mal à re-sentir, re-produire (en moi) le processus créatif sur certaines toiles. … T’as encore qqs mois pour retourner voir Twombly. Et merci de m’avoir confirmé le « mystère insondable » (il y avait dans l’edxpo une photo de Twombly et sa femme dans leur belle villa romaine, on aurait dit une pub pour Ralph Lauren (pour lui) et/ou des créateurs italiens (pour elle)…. et en tout contraste avec ce travail « minutieux » et explosif, visceral parfois de ces tableaux (que j’aurai plus vu dans un atélier à la Pollock…)

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