A peine de retour d’un déplacement j’ai passé la soirée avec des amis à la MC2 (et vous allez rire : encore une fois sous le signe de Terpsichore) – « Soirée Grosse Fuge » (Grosse Fugue) avec la troupe de l’Opéra de Lyon qui danse trois fois (3x) sur les mesures de cet oeuvre monstrueuse de Beethoven – malheureusement en enregistrement et non pas comme à Paris, Lyon (et sur Mezzo – vu l’année dernière) avec un quatuor en live/on stage – [Quatuor Debussy]. Trois fois certes, mais avec trois chorégraphies différentes …
Dans l’ordre : Lucinda Childs (2015), Anne Teresa De Keersmaeker (1992) et Maguy Marin (2001) – trois chorégraphes (femmes), lectures profondément différentes (créées en un espace de 25 ans).
La 1ere oeuvre : Lucinda Childs presque ennuyeux (malgré une exécution parfaite et ciselée) (trop peu de variation dans les mouvements, trop de répétition de la même gestuelle – devant des arabesques qui m’on fait penser à de la dentelle de sous-vêtements orientalistes (je ne sais comment j’ai pu dévier comme ça Mr. Freud ?), et je me suis dit (égarement encore) que les bodys des danseurs/danseuses étaient superbes …12 danseurs – 6 couples). J’étais surpris que la mécanique de la danse (et ses multiples variations sans rupture de « ton ») ne faisait peu de cas de quasiment la dernière oeuvre de Ludwig van (dont Stravinski aurait dit un jour : une œuvre immortelle et à jamais contemporaine.
Les choses devenaient plus intéressantes – après une pause-entracte de 20 minutes – avec la chorégraphie de Anne Teresa De Keersmaeker presque uniquement masculin (juste 2 femmes), lumières rasantes (et latérales) rehaussant les corps des huit interprètes en chemise blanche et costume noir (les Messieurs laissent raidement tomber leurs vestes). « Et l’on ne cesse de suivre ces deux danseuses, négociant avec un sourire radieux les hauts (sauts énergiques, corps ramassés en l’air) et les bas (nombreuses chutes pesantes) de ces trajectoires qui se combinent en contrepoints subtils. Une flamboyance d’élans vitaux comme autant d’échappées, avec de sublimes arrêts quand les cordes se taisent pour respirer » http://www.telerama.fr/scenes/trois-grandes-fugues,151035.php.
L’ardeur de la musique est démultipliée par la trame de courses effrénées et de chutes brutales, de sauts, de suspensions … Une sarabande à laquelle les danseurs se livrent avec une énergie farouche, étourdissante et cela avec une énergie à revendre (qui m’a réveillé un peu d’une torpeur certaine due à une journée un peu fatigante).
C’est la chorégraphie Maguy Marin qui a clôturé la « trilogie ». 4 femmes (en robes/ensembles rouges – sang ? – à coupes différentes). Le parfois sombre de la musique et des mouvements tressautants et enivrants, des sauts repliés, des épousailles du sol avec des glissements, rampements sensuels et douloureux c’était une expérience quasi-Pina Bausch(ienne). Scotchant (et les applaudissements à la fin étaient témoin que je n’étais pas le seul à apprécier pleinement).
In “Grosse Fugue” a Marin-type voice seems to be saying: “I too am interested in theorizing about women as workers. But I wish also to celebrate the great tradition of women’s choreography. It is a marvelous fashion, don’t you think? Regard how I am indebted to Twyla Tharp’s ‘Fugue’ in my quasi-musical organization of these four women and those isolated tics — the tip of a head, the roll of a shoulder — and how I use some of the no-nonsense linking movements from such Trisha Brown works as ‘Opal Loop. My principal debt is to the wonderful female choreographers of Europe, do you not agree? Perhaps yes, there is something of Pina Bausch in the way these four women seem driven by forces within themselves. Perhaps too I take something from the American-born Carolyn Carlson, whom we French venerate. Like her and Bausch, I use a mixture of physical intensity and completely unrigorous movement. http://www.nytimes.com/2010/03/11/arts/dance/11lyon.html
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No comment , la beauté des gestes ,l’effleurement des corps , la sensualité des couples ….les ombres ,les lumières…Par écran interposé , j’ai pu ressentir ces émotions …………..
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Merci pour ce partage qui me fait découvrir le chorégraphe Malandain et la sublime harmonie musique et danse, à en pleurer, à en prier…
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Merci Lorentz ! J’adore tes billets sur les spectacles, comme l’impression de les regarder par le trou d’une petite souris. Bises 🙂
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Oula, mais tu as vu ensemble les trois plus importantes chorégraphes du moment! Un régal qui me fait envie.
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Ce spectacle passe régulièrement soit sur Mezzo soit sur Brava. Mais c’est vrai, de le voir en « live » en rajoute une couche….
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