Nos âmes la nuit (Our souls at night)

Vous aimez des films du genre « The bridges of Madison County – Sur la route de Madison » (Meryl Streep & Clint Eastwood)  ?

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Dans ce cas vous allez peut-être aimer ce petit bijou (un peu bisounoursien quand-même) ciselé de Kent Haruf (jamais rien lu de lui) traduit (bien) par Anouk Neuhoff (qui lui aussi parle de solitude, de tendresse, de choix à prendre….)

168 pages aérées, peu de descriptions, des touches impressionnistes; avec des dialogues insérés sans crier gare ce qui rapproche le lecteur tout près des personnages.

Page-turner mais doux, comme au ralenti (ils ne sont plus très jeunes les acteurs). Ce n’est donc pas une histoire trépidante : deux septuagénaires veufs sont les protagonistes principaux. S’ajouteront à cela un petit-enfant et quelques enfants des mariages respectifs, et un village entier jasant….

Présentation de l’Éditeur :

Dans la petite ville de Holt, Colorado, dans une Amérique profonde et isolée, Addie, une septuagénaire, veuve depuis des décennies, fait une étrange proposition à son voisin, Louis, également veuf : voudrait-il bien passer de temps à autre la nuit avec elle, simplement pour parler, pour se tenir compagnie ? La solitude est parfois si dure… Bravant les cancans, Louis se rend donc régulièrement chez Addie. Ainsi commence une très belle histoire d’amour, lente et paisible, faite de confidences chuchotées dans la nuit, de mots de réconfort et d’encouragement. Une nouvelle jeunesse apaisée, toute teintée du bonheur de vieillir ensemble.
Mais voilà, les choses ne vont pas se passer si simplement, les cancans vont bon train, et les familles s’en mêlent… Que va-t-il advenir de cette bulle de douceur si précieuse qu’Addie et Louis avaient réussi à construire ?

En effet, Addie du haut de ses 75 ans fait remarquer à son voisin (choisi parce qu’elle croit que lui est un « brave homme. Un homme bien... » d’emblée (p.11) après sa proposition de passer des nuits ensemble : « Vous ne dites rien. Est-ce que je vous aurais coupé le sifflet ? dit-elle. – Je suppose que oui. – Je ne parle pas de sexe. – Je me demandais. – Non, il ne s’agit pas de sexe. Ce n’est pas comme ça que je vois les choses….. Je parle de passer le cap des nuits…… Le pire ce sont les nuits. Vous ne trouvez pas ? »

Commence alors le bal des pyjamas, brosses à dents, les entrées à la tombée de la nuit par le jardin d’abord, plus tard en journée par la porte du devant, au vu de tout le village…. qui pense que les 2 font la bête à deux dos, ou les pages 25 à 75 du kamasutra…. mais que nenni, ce sont les confidences qui intéressent les 2, le papotage…. Ce qui est parfois émouvant – notamment quand les protagonistes parlent de leur solitude dans leur vie de couple (d’avant le veuvage), les faux-semblant (quand l’intimité manque à l’un mais pas à l’autre), quand « en public nous étions gentils, affectueux même » et que personne remarque la tristesse et la renonciation…. : »N’empêche, vous avez dormi ensemble toutes ces années. Vous ne faisiez pas lit à part. – Je suppose que ça parait bizarre. Mais d’une certaine façon c’est le seul petit lien qui nous unissait encore. Nous ne nous touchions jamais?. On apprend à rester strictement de son côté du lit et ne pas s’effleurer même par accident la nuit. On s’occupe de l’autre quand il est malade……oui j’ai pris soin de lui. je ne sais pas ce que j’aurais pu faire d’autre. Nous avions eu cette longue existence conjointe, même si elle n’avait été bonne ni pour l’un ni pour l’autre. Voilà quelle a été notre histoire. « (p. 108)

C’est parfois triste, drôle, dense avec une petite musique comme celle de Satie (ici une « relecture » par Mal Waldron du « désespoir agréable »)

Sans en rajouter, Haruf nous décrit un environnement (voisins, village, enfants) qui a un peu de mal avec ces deux tourtereaux – la bêtise elle est partout…

« On dirait que, comme pour moi, la vie n’a pas très bien tourné pour toi, en tout cas pas comme on l’espérait, dit-il. Sauf qu’elle me parait douce aujourd’hui, en cet instant. Plus douce que je ne mérite, en tout état de cause. Oh mais si, tu mérites d’être heureux. Tu ne crois pas ? « (p.95)

Finalement on dirait un peu un scénario pour un joli film (à tourner avec la sensibilité d’un C. Eastwood madisonesque – puisque sinon le chromo et le balourd pourraient prendre le dessus (qqs scènes – dans la nature, avec un chien cabossé – laissent entrevoir que ça pourrait virer vers le pathos …)… moi de toute façon j’ai passé un bon petit moment avec ces 2 deux qui sont la preuve (littéraire) que les romances peuvent exister et émouvoir (et cela sans en faire des tonnes, ni tirer les larmes…)

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A propos lorenztradfin

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Un commentaire pour Nos âmes la nuit (Our souls at night)

  1. Fait pour moi, il y a longtemps que je lorgne dessus…Bel article !

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