Vous avez remarqué mon faible pour les livres d’écrivaines sondant les plis des sentiments, des inconciliables Mars & Venus. Souvent c’est le moment de la rencontre, parfois les douleurs, les frustrations, trahisons et autres séparations qui sont le sujet (des Annie Ernoux, Camille Laurens, Ferney ou Oates).
Là je me suis aventuré chez une auteure que je ne connaissais pas (honte à moi ?) : Nina Bouraoui – une belle femme qui m’intimiderait certainement si je la croisais dans un restaurant. Encore une « histoire simple », banale….
Après huit ans d’amour, Adrian quitte A. pour une autre femme : Beaux rivages est la radiographie de cette séparation. Quels que soient notre âge, notre sexe, notre origine sociale, nous sommes tous égaux devant un grand chagrin d’amour. Les larmes rassemblent davantage que les baisers.
J’ai écrit Beaux rivages pour tous les quittés du monde. Pour ceux qui ont perdu la foi en perdant leur bonheur. Pour ceux qui pensent qu’ils ne sauront plus vivre sans l’autre et qu’ils ne sauront plus aimer. Pour comprendre pourquoi une rupture nous laisse si désarmés. Et pour rappeler que l’amour triomphera toujours. En cela, c’est un roman de résistance. (4e de couv’)
Eh ben, les 245 pages se lisent d’une traite et font bien écho à mille histoires de désamour pareilles, dans une langue simple, d’aujourd’hui – mais intemporelle… Ok, c’est à priori casse-gueule vouloir traiter un sujet de cette trempe, les bons sentiments et les larmes auraient pu surgir de nulle part face à une histoire éculée de cette sorte, mais, à mon avis Nina Bouraoui navigue bien, puisque le sujet véritable (selon moi) est la reconstruction après la chute dans le trou noir, et ça on en a toujours besoin.
Les moments de désespoir, la traque des souvenirs dans les objets partagés auparavant, quand tout était encore en ordre (le couple avait bien vécu géographiquement séparément – Paris – Zürich – ce n’est pas la porte à côté – mais a réussi à priori à construire une harmonie qui passait aussi par le corps et la sensualité)… la quittée (voix de doublage dans des films) se met – un brin macho, mais qui ne l’est pas dans la boue de la douleur ? – à lire le blog de sa « rivale » en cherchant les signes qui lui permettent de comprendre et ou apercevoir des brins de la relation avec son ex… (avec lequel elle reste de loin en loin en contact – SMS et téléphone), rdv chez une psy aussi…. une nouvelle relation qui s’ébauche sans toutefois avoir toutes les promesses durables… mais portant les draps de la renaissance.
Quelques belles pages sur les (toujours) beaux moments de la 1ere rencontre avec LUI (p. 189 – 197) et les récits des affres de la représentation mentale de l’aimé avec l’AUTRE (p. 51 ss), le livre ne restera pas gravé éternellement, mais il a sa petite musique qui m’a donnée envie de lire d’autres livres de cette auteure (entre autres Livre Inter 1991, prix Renaudot 2005)
De plus, à part m’inviter dans la tête d’une femme, aussi triste qu’elle soit, le livre m’a permis de voyager. La délaissée,la quittée décrit à un moment un voyage en Thaïlande , évoque un séjour sur l’île Ko Tao et Ko Samui (Curieux , j’ai regardé pour voir ce que l’héroïne a pu voir (et décrit avec fascination). Moi aussi je veux y aller. L’hôtel Oriental à Bangkok ou elle n’a finalement pas dormi me dirait également.
PS – Je suis dans une phase tsunamiesque de traductions (un carnet rempli jusqu’à la fin novembre !) et ne publierais que sporadiquement… entre lire, traduire, cinéma, badminton, randonnée, déplacements – il faut choisir. Je m’en excuse déjà…
On vous comprend parfaitement, on est tous dans le même « bateau »! Courage,
à +
J’aimeAimé par 1 personne