Sur recommandation de mon amie et collègue S.H. j’ai commandé et lu un livre allemand addictif pas encore traduit.
Je n’avais encore jamais ni lu un livre de Juli Zeh (toutefois trois sont publiés en France par Actes Sud (« Corpus Delicti », « Décompression », « L’ultime question ») ni entendu son nom (pas bon ça !).
Le roman se lit quasiment d’une traite (malgré ses plus de 500 pages)? Un vrai page-turner, très divertissant, parfois même très drôle… tout en brossant un tableau pas très réjouissant d’un village (imaginaire) à 70km de Berlin ( – une rurale du nord du Brandebourg …direction frontière polonaise ).
Les « faits » dans ce village dont le passé de la RDA continue de vivre de manière sous-jacente il est question de construire un parc de 10 éoliennes sur un de deux parcelles (d’au moins 10ha). Une parcelle appartient à un agriculteur (Gombrowski) ancien président d’une LPG (coopérative agricole en temps de la RDA) sur les terres qui avaient appartenu auparavant à son père et aujourd’hui Directeur-gérant d’une Sàrl au nom de Ökologica. Une autre parcelle appartient à Kron (ancien chef de brigade de la LPG, sa femme avait fuie la RDA pour l’Ouest. Ennemi déclaré de Gombrowski. Encore une autre parcelle appartient à l’homme d’affaire (d’Allemagne du Sud), qui a acheté un portefeuille de terrains à titre d’investissement (1,5 millions d’€), parmi lesquelles par hasard aussi sur l’emplacement possible des éoliennes. Un autre bout de qqs ha appartient à une jeune femme (né 1985) nouvellement arrivée – Linda Franzen – (femme d’affaire impitoyable – (un être humain qui ne se comporte pas dans son sens à elle est comme un appareil défectueux à jeter à la poubelle…). Pour que le parc se fasse il faudra qu’elle vende une partie à un des grands proprios.
Autour de ces personnages gravitent les (petits-) enfants, femmes, les hommes des quatre cités – notamment un couple d’un ex-académicien converti en écologiste et son ex-étudiante (22 ans de différence)…
Juli Zeh crée donc un microcosme avec ces protagonistes (dont 11 vont décrire à tour de rôle les événements qui vont perturber le calme de ce village presque endormi et à priori idyllique. Chacun d’eux a ses propres vérités, son histoire personnelle, sa manière de voir les choses, ce qui rend le tableau si captivant, et chaque fait se révèle être plus complexe qu’on ne le croit à première vue.
Le roman s’avère être presque comme la description d’un essai en laboratoire ou le passée laisse tragiquement des traces dans le présent, ou il s’avère que la réunification des deux Allemagnes est loin d’être digérée et que l’ancien mode de vie se confronte au nouveau, celui d’un capitalisme sans bornes. Drôle (et effrayant dans ce contexte) les références à un auteur de bibles pour le succès (que je croyais inventé mais qui existe bel et bien
dont les maximes et recommandations jalonnent la vie et les pensées de Linda Franzen. (genre : Ce qui est grand, c’est de se fixer de grands objectifs. Celui qui ne veut rien, n’aura rien . Ou encore : j’essaie de traduire : La performance s’avère être le critère le plus important pour la réussite et la survie. Pour cette raison il faut donc être en mesure de la évaluer et comparer. Nous avons besoin de repères, notes, classements et notations. Toutefois ce n’est pas au gout des bien-pensants (Gutmenschen) quie à chaque occasion exigent la démocratie et l’égalité des chances pour tous. (Mais oui, il y a les « movers » et les « killjoys » )
Un formidable kaléidoscope, une exceptionnelle radioscopie de notre société (avec un accent sur l’Est d’Allemagne – pas tout à fait comparable à l’Ouest) pour lequel je souhaite au public et aux lecteurs allemands un traducteur qui rendra justice à la belle langue simple mais complètement miroir de notre époque.
Pour les lecteurs allemands Juli Zeh a élaboré le site web suivant qui non seulement décrit le village (plan) mais donne aussi la biographie et quelques infos centrales sur les/des protagonistes. Preuve que J. Zeh a conçu le roman avec une précision quasi diabolique, un roman qui se termine mal pour plus de la moitié des protagonistes.
Par ailleurs, pour les non-germaniques : « Unterleuten » le nom du village signifie aussi « (être) parmi les gens »…
Un livre que je conseille absolument.
https://de.wikipedia.org/wiki/Unterleuten
Et si tu nous le traduisais?
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Hah…. il sera traduit, certainement par un bon (j’espère) traducteur/une traductrice… je mettrais trop de calques, d’approximations, sur-traductions qui finalement sonneraient toujours un peu allemand …. ce n’est qu’à ma « retraite » que je me lancerai à traduire des livres – if ever – mais vers MA langue et non celle d’emprunt….
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Voilà qui donne envie de se remettre à l’allemand ! Mais 500 pages… un peu trop pour moi, je vais attendre la traduction 🙂
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D’autant plus que certes, le langage, le style sont plutôt simples (pas de phrases à raollonge p.ex.), mais le texte est riche en créations « neudeutsch » (création de mots valises collants à l’évolution de la société (plus qqs excursions dans le RDA-speak) qui rendent la lecture difficile pour un francophone à bagage allemand « normal ».
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Ok ok Alles Klar, ich gebe auf ! 🙂
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