Cucuteries et pitchounet

Lu, invité par Gérard B., le livre « Tours et détours de la vilaine fille »  de Mario Vargas Llosa, traduit de l’espagnol (Pérou) par Albert Bensoussan.

Le dernier livre de cet auteur nobelisé qui m’avait marquée était « La fête au bouc » (El sueño del celta » m’avait laissé un peu sur ma faim)

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Une véritable oeuvre « littéraire » qui métamorphose des pans de la vie de Vargas Llosa (Paris – il y a a travaillé pour l’AFP p.ex., Lima, Londres Madrid, Flaubert et les romans russes) sous forme de « road-movie » de l’amour entre une très belle fille (d’extraction pauvre) « prête à tout » et un double de l’auteur (Ricardo) qui va l’aimer – une vie durant – d’un amour « fou » sous le signe d’une sexualité débridé et labyrinthique et parfois non assouvie. .

Le narrateur, Ricardo-pitchounet, avec son côté niais (d’ou le terme scrabblesque « cucuterie »), se laisse « bouffer » par le côté vampirique de la bombe « sexuelle » qu’est la « vilaine fille » (la niña mala – … »tu ne me connais pas. Je ne resterais pour toujours qu’avec un homme qui serait très, très riche et puissant. Ce que tu ne seras, malheureusement, jamais. » (p. 87) … et en y regardant superficiellement : on assiste à un « je t’aime, moi non plus » (ou plutôt un un « je t’aime » – « mais  moi pas du tout, mais  je veux bien profiter de toi ») qui se dit incessamment  dans toutes les villes citées en haut  – avec ses variantes et ses hauts-et-bas (euphorie et tristesse immense), des incursions dans la vie « normale » et l’observation de la vie politique…..

Les passages du couple à Tokyo m’ont incité à me promener dans le net pour apprendre un peu plus sur les Love Hôtels:

Les chambres de Love Hotels [Le nom laisse assez bien deviner ce dont il s’agit, mais il faut préciser que de nombreux couples légitimes y vont, notamment des jeunes qui, n’étant pas encore mariés, vivent encore chez leurs parents. On paie en général pour trois heures (pendant le journée), ou pour la nuit ].ont généralement une décoration caractéristique. C’est également ce qui les différencie des établissements classiques …. On trouvera donc des Love Hotels à thème : animé avec un Hello Kitty géant au-dessus du lit, ambiance gothique ou SM, reconstitution d’un cabinet gynécologique, miroirs au plafond, esprit de Noël (qui a au Japon une connotation romantique et non religieuse), inspiration Walt Disney, années ’60, ’70, heroic-fantasy, etc. Comme toujours avec les Japonais, pas de limite à l’imagination ! Le room-service peut vous livrer à manger dans certains de ces hôtels.

Toutes les chambres disposent d’une salle de bains, ainsi que d’accessoires plus ou moins érotiques. On trouvera donc un éventail allant de la télé japonaise LCD (avec chaînes pornos, DVD érotiques, console de jeu ou karaoké) au frigo en passant par le four à micro-ondes. Mais on pourra également utiliser un fauteuil de massage, des accessoires SM voire de bondage, toute une gamme de lubrifiants et produits pour le corps, des préservatifs bien entendu, des cigarettes, ou encore des costumes pour faire du cosplay. Tout dépend du tarif de la chambre et de votre budget en accessoires supplémentaires, parfois payants dans des distributeurs. On peut également louer une caméra pour filmer ses ébatslove-hotel

Toutefois, parenthèse fermée, ce qui rend attachant le livre pour un sexagénaire comme moi, ce n’est pas tant l’excursion dans le sexe en tant que moteur de la vie d’un couple, mais plutôt le tour de piste historique – et pour moi parfois nostalgique – très réussi dans les années 50, 60, 70, 80 dans les villes citées (qui deviennent ainsi des personnages à leur tour ), le « background » de l’évolution politique du Pérou vu de loin (et de près – par les lettres d’un oncle), l’éloge de Paris (de certains quartiers – et même de restos que j’ai aimé/ que j’aime aussi) – donc un panorama d’une période que j’ai également vécu en grande partie (et parfois dans les mêmes conditions matérielles : puisque comme Ricardo je suis un traducteur (point interprète comme il l’est aussi de temps en temps) – et il y a des phrases sur les traducteurs et notre profession qui sonnent vraies et le vécu.

La niña mala, la petite péruvienne,  (Lily, Arlette, Mme. Arnoux, Mme. Richardson, Kukito...) reste dans son viatique de mensongère pour moi une sorte d’ectoplasme sans bcp de relief sur la plus grande partie du roman (sauf vers la fin – semi-tragique -) (ah ses « yeux (foncés) de couleur miel…. ses mains si soignées (p. 135), ahh cette femme qui gronde  en tirant les cheveux « Tu jouis trop rapidement » « Fais moi jouir d’abord….avec ta bouche« … et qui selon Ricardo « tardait  toujours beaucoup à s’exciter et à aboutir… (avec) le « si doux ronronnement qui semblait lui monter aux lèvres depuis le ventre » (p. 85/86)). On pourrait néanmoins voir   en cette femme aussi la représentante d’une vraie liberté et une soif de vie non-monotone :

« … tandis qu’entre deux mots sa langue picorait la mienne: – Tu ne vivras jamais tranquille avec moi, je t’avertis. Parce que je ne veux pas que tu te fatigues de moi et t’habitues à moi. Et même si on se marie pour mettre mes papiers en règle, je ne serai jamais ton épouse. Je veux être toujours ta maîtresse, ta petite chienne, ta pute. Comme cette nuit. Parce qu’ainsi tu seras toujours fou de moi. Elle disait cela en m’embrassant sans cesse, essayant de pénétrer tout entière dans mon corps » (p. 317)

« La couvrir de baisers, la déguster, m’enivrer de la fragrance qui sourdait de son ventre, me rendit aussi heureux qu’avant... » (p. 199) – et ce n’est que la troisième fois – avant que d’autres moment chauds-froids arriveront.

Finalement c’est quand le corps de la belle ne peut/ veut plus càd quand la sexualité est éteinte et/ou impossible que les deux se trouveront…

Je sors de la lecture avec un sentiment mixte. Il y a des passages que j’ai dévoré , d’autres presque survolés (mode lecture rapide) – finalement comme un roman photo d’amour avec trop de rebondissements qui laissent k.o. le héro  – et le lecteur avec.

 

 

 

A propos lorenztradfin

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3 commentaires pour Cucuteries et pitchounet

  1. Bon, je passe ! Mais bel article, j’aime bien ta façon débridée d’écrire

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  2. CultURIEUSE dit :

    Marrant ces love hôtels! On est drôlement coincés en Europe dans ce domaine. Je viens d’assister au spectacle totalement déshinibé de Mette Ingvartsen sur le milieu artistique performatif des années soixante (kusama entre autres). La nudité et le sexe en font partie intégrante. Son travail est rafraichissant, mais les performances de l’époque, en vidéo, ne m’ont pas du tout inspirée…

    Aimé par 1 personne

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