Un film allemand de Maren Ade
Une belle claque ce film sortie le 17 août et vu seulement ce week-end? Une claque qui dure et brûle, non seulement pendant ses 2h42 de durée, même après.
A Cannes 2016 il était, d’après la presse, le favori du public pour la palme. Il est rentré bredouille….. Pas étonnant, il est si riche, avec des richesses bien cachées sous des scènes d’apparences anodines et inutiles à 1ere vue et/ou réflexion, sous une certaine lenteur aussi, que dans un festival de clinquant et de paillettes il pourrait paraître fade.
C’est qu’il est d’une subtilité rarement vu ces derniers temps-ci à l’écran. Winfried /Toni Erdmann (joué par l’acteur autrichien Peter Simonischek) vit seul en Allemagne pas loin de sa mère. Farceur, il aime bien faire des « blagues » pour lesquelles ils s’excusera ensuite, mais transforme ainsi dans un jeu « social » le quotidien en jeu. Il va apprendre chez son ex-femme que leur fille – qu’il a « perdu des yeux » – travaille à Bucarest (et qu’elle partira peut-être à Shanghai).
Ines, sa fille (Sandra Hüller) travaille dans une boite de Consulting (genre McKinsey) et se trouve dans une phase de négociation serrée avec un client pour la restructuration de son entreprise (avec certainement des centaines de licenciements à la clé). C’est une « bête » (ein Tier), froide (par nécessité), avec des dents longues comme ça*
*ici une des belles résonances du film sur le « couple » père/fille – parmi des dizaines d’autres: le père porte souvent un dentier – et il demande à un moment « est-ce que tu es un être humain » (ein Mensch?) après avoir demandé si elle était heureuse (« glücklich »)… et sa réponse à elle qui vaut son pesant d’or…
Toni va venir la voir par surprise à Bucarest et la ramener à la vie, avec une persévérance jubilatoire. Il gène la fille, fait capoter des rdv, se fait passer pour un coach d’Ion Tiriac/ Nastase, lui ouvre les yeux sur « la vie » sans qu’elle lui cède avant la fin du film (un petit épilogue) …
Dit/Ecrit comme ça cela ne donne pas trop envie de voir le film…. Mais toute cette trame est saupoudré de petites scènes dans lesquelles tout le monde existe (les assistantes – ah ce moment ou les assistantes arrivent pour donner leur chemisier à Ines qui a ensanglanté le sien avant un rdv important – le boss, l’amant-macho, les copines d’Ines….), dans lesquelles une réalité sociale existe (les quartiers pauvres de Bukarest, l’implantation de l’usine en question, le centre commercial « ou personne ne peut rien acheter parce que trop cher), la solitude de la mère, comme les reliques du passé nazi trouvé dans ses armoires à elle (casque, musique de nègre, « tu devrais euthanasier ton chien ! » …. »mais est-ce que je t’euthanasie-moi? » répond Toni)
On peut trouver long le milieu du film (après une introduction d’une finesse exceptionnelle et le 1er « départ » du père à Bucarest)…. mais il faut ce temps – comme dans une odyssée – pour que le « poison » du père fonctionne….
Tout en ruptures de ton, plus triste que drôle (j’ai du mal à y voir une « comédie » – sauf qu’elle est « humaine »), avec quelques scènes fortes :
- la « scène de la chanson » ou elle obéit à son père, devient (sa) fille et chante avec/pour lui ET pour soi-même une chanson de W. Houston …(no matter what they take from me they can’t take my dignity… learing to love yourself is the greatest love of all...) …. au cours de laquelle elle se transforme (se retrouve?)…
la « naked party » … elle invite ses collègues (my team) pour son anniversaire pour améliorer le « team spirit » et par un concours de circonstances drôles se trouvera nue et demanderas aux invités de faire pareil….(toutefois la scène n’est pas faite à la Blake Edwards – il y a une évidence, une tristesse aussi qui est vraiment forte).
Très très beau film (mais il faut savoir qu’il est « lent » et « long ») – philosophique, politique, essentiel, plein de vie et d’humanisme…. mais surtout ne vous attendez pas à une comédie au rire gras ou moins gras.
eh bien j’hésitais ( les avis sont partagés ) , mais tu me donnes envie de le voir. Pas encore ici, mais ça ne saurait tarder, je te dirai ça.
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notre chère Martine avait également aimé. Ma conjointe le trouvait (bcp) trop long. Fait rare : les Cahiers du Cinema encensent le film (entretien avec les acteurs, 3 (!) pages rudement bien ET compréhensibles sur le film + entretien avec la réalisatrice….
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oui oui, c’est vrai ! je suis un peu débordée avec tout ce que j’ai à lire,mes livres, les articles de mes ami(e)s, ceux des autres blogueurs, la presse…Et sans oublier la vie ! J’irai le voir !
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Profites toutefois plutôt de la vie !!! Le film ne dira rien d’autre (tzzz)
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oui oui oui !
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ça y est, j’en sors…Magnifique, bouleversant, riche, tragi-comique, tu ris/tu pleures…Et les dernières images qu’on peut interpréter comme on veut, mais pour moi, guère optimiste. Le sujet père/fille est vraiment terrible. Merci de m’avoir donné envie d’y aller, Bernhard
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Content que cela t’a plu (et remué un peu). Comme je disais : ma compagne s’est « ennuyée » un peu dans la dernière partie…. et une amie allemande (collègue de travail) m’a demandé comment j’ai pu écrire une critique aussi enthousiaste….
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