Un documentaire de Tomer Heyman.
A l’image de ces danseurs là – on sort de ce documentaire comme sur un nuage, en apesanteur.
Tomer Heyman nous raconte l’histoire (personnelle et mouvementé) d’Ohad Naharin, le chorégraphe de la Batsheva Dance Company, dont les marques distinctives sont la puissance et une beauté visuelle prenante. La caméra assiste et explique (avec la voix off de Ohad Naharin) le processus créatif de ce maître de la danse, dont le langage chorégraphique est (à mon avis) unique et facilement reconnaissable, appuyé par une technique appelée « Gaga ».
Gaga is a new way of gaining knowledge and self-awareness through your body. Gaga provides a framework for discovering and strengthening your body and adding flexibility, stamina, and agility while lightening the senses and imagination. Gaga raises awareness of physical weaknesses, awakens numb areas, exposes physical fixations, and offers ways for their elimination. The work improves instinctive movement and connects conscious and unconscious movement, and it allows for an experience of freedom and pleasure in a simple way, in a pleasant space, in comfortable clothes, accompanied by music, each person with himself and others.
J’ai pu voir en 2012 cette représentation de « Deca Danse » à Chaillot et en sortait enthousiaste. Je n’aime/n’aimais pas tous les tableaux, certains sont aussi « faciles » (on ne peut faire que du bon et accessible sur un air tiré du Dixit Dominus (Vivaldi) – une sensibilité à faire frémir – p.ex. ou sur « Sway ». Mais il y a une dynamique, une force/puissance créative qui ne laissent pas insensibles.
Le film est à voir même par les personnes qui n’aiment à priori pas la danse…. On n’a qu’à voir à la fin du film les « workshop » avec des participants de tous ages, leurs sourires et joie en bougeant et écoutant leurs corps…
Le documentaire laisse complètement de côté les vives manifestations partout dans le monde contre la politique de la troupe de ne pas engager des palestiniens (il paraîtrait que Naharin n’est pas très clean de toute reproche « raciste »).
mais explique d’autant plus fortement le refus de la Compagnie de danser en 1998 – le président israélien en personne, sous la pression des orthodoxes – avait demandé que la troupe change les costumes des danseurs, jugés impudiques, pour le jubilé de la création d’Israël. Le refus avait déclenché des manifestations dans l’ensemble du pays en soutien des danseurs.
Une phrase que j’ai retenue – c’est (je cite de mémoire) « Prononcer un mensonge, c’est faire appel à son imagination. » Lui, il en a des masses.