Au-delà des montagnes

Meuh non, je ne parle pas de la neige dans les Alpes…. Toutefois de la neige, il y en a un peu dans ce beau film chinois, toute à la fin dans une sublime séquence de la danse d’une femme seule sous des flocons virevoltants (A. Bazin : « La neige réconcilie mystérieusement la vie et la mort. » – ou autrement dit : La neige, c’est la précarité de la vie qui se dépose sur l’éternité de la mort. – Le Monde en date du 6.1.2016)

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Jia Zhang-ke m’avait scotché il y a deux ans par son « Touch of sin »,  ému avec « Still Life » il y a davantage d’années et me touche de nouveau en botte avec ce nouvel opus plus métaphorique et plus universellement européen aussi…

Trois parties, avec un écran qui s’élargit avec chaque partie (passant du 1,33 au 1,85 et ensuite au scope… procédé un peu à la mode maintenant mais tout à fait utile ici) en voyageant dans le temps (1999 & 2014 & 2025 – et drôle de surprise : le titre du film + générique du début n’apparaît qu’en début de la 2e partie)…

Une situation triangulaire : Une femme (Tao) à laquelle, chacun à sa manière, deux hommes font la cour – un ouvrier (Liangzi) et un entrepreneur rentre-de-dans (Zhang). Tao ne semble pas savoir qui choisir des deux…. heureuse de la situation certainement et croyant (naïvement ?) ne pas devoir choisir…. Zhang va racheter « pour une bouchée de pain » la mine dans laquelle Liangzi travaille, et s’en débarrasse en bon capitaliste lorgnant sur « sa » femme…. Tao va se laisser éblouir par la richesse et le succès commerciale de Zhang et l’épouser…

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Un enfant naîtra de cette union…(le garçon s’appellera Dollar (sic!)…. Le couple divorcera, le père obtiendra la garde, Liangzi, marié et père à son tour va tomber malade….. A la mort du père de Tao (2014) elle retrouvera son fils pour quelques jours (il a 7 ans) et ne vit déjà plus sur la même planète…

Au cours de la 3e partie (2025)  qui se concentre sur Dollar (qui vit avec son père en Australie) …  dont le déracinement (recherche d’une mère patrie (?), d’une mère tout court – il aura une « affaire » avec une belle femme de l’age de sa mère)…. et la révolte contre le père (avec lequel il dialogue avec l’aide de « google translate » (!)) constituent la part la plus grande de cette fin de partie…

Chine traditionnelle vs  Chine capitaliste, paysages détruits, ravagés, solitude, lendemains qui déchantent….  c’est avec une économie de moyens qui force le respect que Zhang-ke nous l’illustre dans ce très beau mélodrame avec des scènes parfois très émouvantes….

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A. avait quelque mal à entrer dans le film (vu en VO) – les voix inhabituelles (?), l’avancement de l’histoire par ellipses, la mise en place des personnages … pour être, dans la 2e et 3e partie (la mère qui retrouve son fils de 7 ans et a du mal à communiquer, la mort du père, le déracinement des personnes, leur solitude) émue et prise complètement.

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Quel plaisir de voir le travail d’un réalisateur qui n’a pas besoin de faire « la » scène, qui avance par touches simples, et démontre avec un équilibre parfait tous les bouts et aboutissants des décisions des protagonistes. Ce n’est pas un grand film (comme l’est Touch of sin), mais quelle leçon cinématographique pour parler du temps qui passe, des occasions manquées, l’importance de la musique, le(s) souvenir(s)….  c’est universel et pas seulement (du) chinois…

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A propos lorenztradfin

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Un commentaire pour Au-delà des montagnes

  1. oui, il me tente celui-ci, et ton avis me conforte dans mon idée

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