Avant de disparaître pendant quelques jours de la toile – Fêtes de fin d’année en famille et un voyage Outre-Rhin peu joyeux – je termine l’année avec « D’après une histoire vraie » de Delphine de Vigan
A. s’est acheté ce livre récemment – signé par Mme. de Vigan « Pour A. un jeu de pistes et de miroirs » – à l’occasion d’une rencontre avec l’auteure à Grenoble (l’excellente librairie Le Square : « http://www.librairielesquare.com/ ). Elle m’a demandé de le lire (tout en sachant que je n’avais pas partagé son enthousiasme pour le précédent « roman » de l’auteure : « Rien ne s’oppose à la nuit » https://lorenztradfin.wordpress.com/2012/06/29/la-nuit-de-delphine/ )
Voilou, c’est fait, et je dois avouer qu’une fois terminées les 479 pages – et avoir hésité d’arrêter la lecture vers le milieu – que ce roman par ailleurs couronnée du Prix Renaudot 2015 et le Goncourt des Lycéens 2015 – s’avère à la fin plus intriguant et futé que je ne le pensais au début ….
France Culture dit : « Après le succès de « Rien de s’oppose à la nuit« , publié en 2011, elle publie cette année « D’après une histoire vraie« , roman entre thriller psychologique et réflexion sur le travail d’écrivain. Une œuvre haletante avec suspense à la clé…. Ce livre est le récit de ma rencontre avec L.L. est le cauchemar de tout écrivain. Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais rencontrer. Dans ce roman, Delphine de Vigan raconte l’histoire d’une amitié. Séduction, dépression et trahison sont les trois temps de ce récit qui entraîne le lecteur dans les coulisses de la création, là où le doute, les apparences et les faux-semblants tendent un piège redoutable. Qui est le maître du jeu? »
Thriller est un mot bien fort, mais il y a en effet des accents de « Misery » (de S. King) – le roman huis-clos dans lequel un auteur à succès, après avoir fait mourir dans son dernier livre son héroïne récurrente, se trouvera otage d’une lectrice fan qui souhaite le forcer d’écrire un « Retour de Misery » ….
« C’était donc… vrai, voilà ce que les gens attendaient, le réel garanti par un label tamponné sur les films et sur les livres comme le label rouge et bio sur les produits alimentaires, un certificat d’authenticité. Je croyais que les gens avaient seulement besoin que les histoires les intéressent, les bouleversent, les passionnent. Mais je m’étais trompée. Les gens voulaient que cela ait eu lieu, quelque part, que cela puisse se vérifier. Ils voulaient du vécu. » (p. 350)
Ce qui est finalement assez fort dans ce « roman », c’est que la représentation du personnage de « L » (ce « nom » a donné de drôles de mélange lors d’une discussion avec A. sur ce livre « L » et « elle » (l’auteure) se mélangeaient, en effet dans nos échanges) , vire progressivement de « authentique à 100% » (comme si l’histoire était vraiment arrivée à D. Le Vigan) vers un personnage construit, fictif, fabriqué pour passer des messages sur la lecture, l’écriture…. et cela devient une sorte de tour de force que j’admire – on se laisse prendre, mener par le bout du nez…. et bizarrement (finalement, je dirai à partir du 3e chapitre (p. 327) « Trahison » – après « Séduction » – « Dépression ») ça devient même passionnant….
« Mais les lecteurs n’aiment pas se faire arnaquer. Ce qu’ils veulent, c’est que la règle du jeu soit claire… C’est vrai ou ce n’est pas vrai un point c’est tout. C’est une autobiographie ou une pure fiction. »
Je ne veux/peux pas révéler l’issu du roman – parfaitement cohérent – mais je peux dire que la lecture est aisée, le style direct, sans fioritures, le mélange de descriptions autour de la vie « privée », la famille (ses deux enfants)…, simples et permettant (aux femmes ?) une identification et reconnaissance autour de moments de la vie (départ des enfants de la maison, les échanges entre copines – si différents (?) qu’entre H & F….) et de quelques accélérations style Thriller, parsemé d’échanges sur le lien intime entre lecteur et écrivain, entre vérité et fiction (pour moi un peu « faux ») … l’écriture n’a rien à voir ni avec M. Enard, ni Proust ou H. Kaddour…. les dialogues semblent pris sur le vif, c’est un roman grand public (genre Douglas Kennedy) qui nous passe sous forme d’un « page-turner » (c’est vrai qu’on avance rapidement – avec une lassitude quand-même autour de la page 200 – dû aussi par des petites longueurs et des re-dites…) des théories et en rajoute des clichés et parfois des invraisemblances (comme dans pas mal de Thriller finalement).
« Est-ce que chacun de nous a ressenti cela au moins une fois dans sa vie, la tentation du saccage ? Ce vertige soudain – tout détruire, tout anéantir, tout pulvériser – parce qu’il suffirait de quelques mots bien choisis, bien affûtés, bien aiguisés, des mots venus d’on ne sait où, des mots qui blessent, qui font mouche, irrémédiables, qu’on ne peut effacer. Est-ce que chacun de nous a ressenti au moins une fois, cette rage étrange, sourde, destructrice, parce qu’il suffirait de si peu de choses, finalement, pour que tout soit dévasté ? Voilà exactement ce que j’ai éprouvé ce soir-là... » (p. 323)
Une des critiques plus négatives (rares) que la mienne :
J’hésite, j’hésite…J’ai déjà tant de bouquins en attente…C’est le titre de ton article qui m’a chopée au vol ! ( finissons cette année dans la bonne humeur ! ) . J’ai lu plein d’articles élogieux aussi, y compris par des gens réticents au départ…Bah! Je vais attendre qu’on n’en parle plus, je crois. Des bises et Noyeux Joël !!!
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T’as raison, attend que ça sorte en Folio/ poche – ce n’est pas un livre indispensable mais, franchement, avec le recul nettement plus incisif et jouissif (intellectuellement) que les premières pages – très auto-fictionnelles rébarbatives (à mon goût) – ne laissaient attendre…..
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La phrase du titre est tiré d’un dialogue entre les deux « héroïnes » !
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ok, je ferai comme tu dis, attendre la sortie en poche. Passe un bon Noël,Bernhard !
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Hier au repas de Noël pantagruélique échange avec d’autres lecteurs….il partage pas mal finalement ….et c’est vrai que par rapport à « Les prépondérants » que je viens de commencer il n’y a pas photo entre le style de Miss Le Vigan et un H. Kaddour p.ex. (formidable conteur !) ….
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Lu Rien ne s’oppose à la nuit que j’avais bien aimé, mais celui-ci, franchement j’hésite….
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Il est encore plus « construit » en effet…..
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je vais le reprendre après l’avoir lâché deux fois : je crains le pire ! L’écriture me bloque, je ne trouve aucun lyrisme et l’histoire ne m’emballe pas plus que cela. Bises et très belle année 2016 à toi et à tes proches.
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…. l’écriture qui bloque : indéniablement c’est dur de lire de la belle littérature brontëe- ou whartonnienne ou plus proche de nous un roman comme « Les Prépondérants » …. Delphine peut se rhabiller rapidement – je te le concède. Très belle année à toi aussi !
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