Acte de résistance face à la barbarie ? Une sortie cette semaine au théâtre (MC2 de Grenoble) pour voir Molière mis en scène par Ludovic Lagarde devant une salle – habituellement pleine à craquer – à 2/3 (peut-être moins) remplie….Les parents n’ont-ils pas permis aux enfants de se frotter à ‘l »Avare » quelques jours après les attentats de Paris ? Peur d’un attentat ici, à Grenoble ? L’annulation de la Fête des Lumières à Lyon me semble donner raison….
En effet, la troupe de la Comédie de Reims a souhaité faire au grand complet une déclaration en début du spectacle pour souligner qu’ils allaient bien jouer, contre la barbarie…
Dommage pour ceux qui n’ont pas pu voir la pièce (elle est joué jusqu’à samedi encore – 21.11.) puisqu’elle jette une lumière toute crue et d’actualité sur cette belle prose de Molière…. énoncée ici par des acteurs en costumes d’aujourd’hui… l’un en costume de courtier-banquier, l’autre en habit beauf…… L’argent y règne partout, on peut lui sacrifier tout, plus rien n’a de prix… Telerama a écrit (phrase citée dans le programme : « Qu’on se rassure : Harpagon n’est pas un trader. Chez lui, l’argent circule peu, il thésaurise ou alors il pratique l’usure de manière gauche, quasi-surréaliste« .
Formidable troupe jeune – qui toutefois a un peu de mal à bien sortir leur épingle du jeu face à un Laurent Poitrenaux (Harpagon)
exceptionnel en être ordinairement beauf, affable et passe-partout, tour à tour inquiétant, pantin , despote petit-bourgeois
Frosine est joué par l’impeccable Christèle Tual (que je l’ai vu à ses « débuts » au Théâtre Ouvert (ahhh son jeu dans « Les Amantes » de E. Jelinek – Joanneau!!!) – on ne voit qu’elle quand elle est en scène….
Les 2h40 passent bien vite (même s’il y a quelques petites longueurs).
Un moment bizarre lors de la représentation/ mise en scène : Harpagon (IVe acte) découvre que son argent s’est « envolé »….
« Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! Justice, juste Ciel ! je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? » A ce moment il regarde, son fusil à la main la salle (illuminée), scrute, regarde les spectateurs, quasiment en les menaçant.…. » ……..Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Eh ! de quoi est-ce qu’on parle là ? De celui qui m’a dérobé ? Quel bruit fait-on là haut ? Est-ce mon voleur qui y est ? De grâce, si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l’on m’en dise. N’est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu’ils ont part sans doute au vol que l’on m’a fait. Allons vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et des bourreaux. » Un mini-frisson a parcouru la salle – je n’étais certainement pas le seul à avoir pensé au Bataclan...
bel article…Dommage sans doute qu’il n’y ait pas eu autant de spectateurs que mérité. Il faut un peu de temps aux gens pour sortir à nouveau.
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…. le cinéma voisin me dit la même chose…. ! Venceremos !
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Si !
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C’est une superbe pièce : je l’ai vue sur Lille. J’ai beaucoup beaucoup apprécié ce moment. Une fraîche et excellente interprétation : c’est violent, réjouissant, fort. Rien n’est à jeter. Bises
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je l’ai vue avant les attenants parisiens et la scène du fusil était également impressionnant. Elle montre la folie de Harpagon. La distribution est excellente.
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les « grands » esprits se rencontrent !
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Ah Molière intemporel! C’est à cela qu’on reconnait les grands.
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