Orwell (1984) et Truffaut (Fahrenheit 451) ne sont pas loin dans le film-fable dystopique « The Lobster » de Yorgos Lanthimos qui a reçu à Cannes cette année le Prix du Jury.
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Fini la séduction ! Couple, je te hais. Rires jaunes (humour noir) et désenchantement pesant jouxtent une dénonciation un chouia trop appuyé des injonctions sociétales pesant sur les êtres humains d’aujourd’hui.
Quel casting : Colin Farrell, Ben Whishaw, Léa Seydoux, Rachel Weisz (d’une beauté qui m’a aveuglé…) pour un film thèse-antithèse-conclusion ouverte.
David (joué par un Colin Farrel bedonnant et apathique – parfait !) a été quitté par sa femme. Désormais célibataire il doit se plier à la règle du monde dans lequel il vit : il faut trouver son « âme sœur » – sinon, il sera transformé en un animal de son choix….(d’ou le titre !)
David se retrouve donc de force dans un hôtel de luxe aseptisé ou il aura 45 jours pour trouver la perle rare qui lui permettra d’éviter la transformation…. la scène à l’administration de cet hôtel (il faut choisir entre « hétérosexuel » ou « homosexuelle » – l’option « bisexuelle » n’existe plus depuis juillet…) est bien forte (vignettes glaçantes et absurdes : la masturbation punie d’une « drôle » de manière cruelle; les couples qui vont mal se voient confier des enfants qui ne leurs appartiennent pas afin de régler leurs problèmes (c’est bien connu, les enfants arrangent tout !!!; ou des personnes qui feignent des affinités….un vrai capharnaüm Beckettien). Ah oui, j’ai oublié : Les résidents de l’hôtel ont la possibilité de prolonger la durée de 45 jours en captivant (scènes de chasse) des renégats (un solitaire captivé = 1 jour de plus) – une femme (sans cœur) a déjà pu prolonger son délai de 195 (!) jours….:
Les « Solitaires », à savoir des célibataires qui eux ont fait vœu de célibat (et doivent rester célibataire sous peine de châtiments !), se trouvent sous la houlette de Léa Seydoux) et vivent cachés dans la forêt (d’ou des scènes qui m’ont fait penser à Truffaut).
David va fuir l’Hôtel peu avant l’expiration de son délai et rejoindre les Solitaires…. ou bien entendu il va tomber amoureux (?) d’une des filles myope et bientôt aveugle, la formidable Rachel Weisz (quasi mystiquement beau leur ballet de signes et gestes signifiant des phrases, des mots…. pour éviter que les autres solitaires ne remarquent leur attirance….). Les deux vont vouloir refaire leur vie « dans la ville »…. mais tout ne marchera pas comme prévu…. et la fin du film est jouissivement ambiguë …. l’amour rend-il aveugle ?
J’ai donc aimé ce film, malgré un certain trop plein de métaphores, d’une certaine répétition de scènes (on aurait pu en économiser) dans la partie chez les solitaires… mais Lanthimos laisse souvent fissurer nos certitudes et nous pousse à réfléchir sur notre rapport au « couple », imaginer notre existence sans « âme sœur » (qui, dans ce film doit avoir au moins deux points communs avec l’autre) … Par ailleurs, une mention spéciale aussi à la présence crève l’écran d’Ariane Labed (dans la vie la femme de Lanthimos – et vue dans le formidable « Fidelio »)
http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/the-lobster.html
Je vais peu au cinéma, mais celui-ci est dans ma liste ( courte ), je vais essayer de ne pas le rater
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ce qui est bien dans ce genre de film/cinéma : il divise énormément les spectateurs … (et les critiques – les CdCinema l’ont descendu – et je peux comprendre leur point de vue mais dans son genre, l’ambiance notamment de la 1ere partie est tout simplement jouissif – et les rires (jaunes) dans la salle l’ont montré…
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à voir, donc ! 😀
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Moi non plus je ne vais plus au ciné (je regarde souvent quand ça sort en DVD), celui-ci a reçu des avis enthousiastes ou déroutés (dans ce que j’ai lu, pas la presse^^)… Tu fais envie ! 🙂
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Éternel retour du thème du couple … Qui me fait craindre le pire 😀
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Tu sais Erna que j’avais presque eu envie de faire un lien vers ton entrée de blog dans lequel tu te plaignais alors de la pression exercée par la société sur les « singles » (invitations, soirées etc) …. j’ai laissé tomber mais ton « cri » allait farpaitement de pair avec le sujet du film….
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Merci Bernhard. Cela me fait plaisir.
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