P. a commencé son séjour à la maison de « retraite » son désorientation dans le temps et dans l’espace étant devenu difficile pour la famille…. un déchirement.
Quelle idée, de regarder au soir de cette entrée dans un monde de « personnes faibles comme lui » le magnifique film « La Grande Belleza » de Paulo Sorrentino, en DVD, au frais à la maison. Oscar du meilleur film étranger en 2014.
Je souhaitais une ballade dans une ville de Rome ouverte et estivale, et j’ai été confronté aux doutes, interrogations et regrets d’un personnage vieillissant…
J’en suis « sorti » secoué et ébloui en même temps.
« Je suis maintenant trop vieux* pour avoir encore le temps pour faire des choses que je ne veux pas faire » (* 65 ans) » dit le personnage central un soir, en plaquant là la femme d’un soir….
Jep Gambardella est un écrivain qui a déjà beaucoup vécu, à la séduction indéniable. Il parcourt les événements mondains d’une Rome à la beauté saisissante. Auteur d’un seul ouvrage, L’apparato umano (« l’appareil humain »), Jep vit comme journaliste et critique de théâtre. Bien que son unique œuvre ait été très appréciée, il n’a plus écrit de livre depuis quarante ans, par paresse ou par goût des mondanités.
La Grande Bellezza raconte la recherche de sens de Jep, entre balades dans Rome, fêtes, amour, sexe, esthétisme, souvenirs, mort et religion (synopsis dans Wikipedia)
« Est-ce que nous avons déjà couché ensemble? » demande-t-il lors de sa danse improvisée. « Mais non Jep », répond-elle. « Heureusement, on aura donc encore des choses à découvrir ensemble » rétorque-t-il…..
Images magnifiques, scènes oniriques (felliniennes disaient les critiques à l’époque : les flamands sur son balcon, une girafe dans un jardin, les fêtes mondaines alcoolisées – l’apparition comme dans un rêve de bonnes sœurs) – le visage impassible et triste de Toni Servillo, les rencontres lors de ses pérégrinations dans la ville (souvent nocturne) avec des personnages de son âge dont personne n’est heureux, sa recherche de sens à la vie, à ses renoncements, à ses erreurs.
Regard cynique sur le monde qui l’entoure et notamment la vacuité (on a besoin de vacuité pour oublier soi-même, dit-il) des rapports aux autres, regard désabusé et triste sur sa vie et sur ce qu’il a fait de celle-ci (quelle belle scène quand il est ému devant « une ouvre d’art » photographique : des milliers de photos – portraits d’un homme prises chaque jour d’abord dans les premières années de l’enfance par le père de l’artiste, ensuite par l’artiste lui-même ….
Film lent, non-linéaire, décousue diraient d’autres, mais j’étais subjugué et tristement heureux de partager un moment avec ce bonhomme…. tout en pensant, face au miroir qu’il tend, à l’inéluctable qui nous attend et à P. auquel vont mes pensées au moment que j’écris, même s’il n’arrive probablement plus à les saisir.
Quelques photos prises en février 2012 (week-end offert par mes enfants):
Le sort commun à tous.
Primum vivere, deinde philosophare si je me souviens bien 😀
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bien dit !!
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