Le nouveau livre de Laurent Gaudé aux Actes Sud (La Mort du Roi Tsengor, Le Soleil des Scorta…pour ne nommer les livres que j’ai lu de cet auteur né en 1972)
4e de couv’ :
En ce matin de janvier, la jeune Lucine arrive de Jacmel à Port-au-Prince pour y annoncer un décès. Très vite, dans cette ville où elle a connu les heures glorieuses et sombres des manifestations étudiantes quelques années plus tôt, elle sait qu’elle ne partira plus, qu’elle est revenue construire ici l’avenir qui l’attendait.
Hébergée dans une ancienne maison close, elle fait la connaissance d’un groupe d’amis qui se réunit chaque semaine pour de longues parties de dominos. Dans la cour sous les arbres, dans la douceur du temps tranquille, quelque chose frémit qui pourrait être le bonheur, qui donne l’envie d’aimer et d’accomplir sa vie. Mais, le lendemain, la terre qui tremble redistribue les cartes de toute existence…
Pour rendre hommage à Haïti, l’île des hommes libres,Danser les ombres tisse un lien entre le passé et l’instant, les ombres et les vivants, les corps et les âmes. D’une plume tendre et fervente, Laurent Gaudé trace au milieu des décombres une cartographie de la fraternité, qui seule peut sauver les hommes de la peur et les morts de l’oubli.
Pas facile à résumer ce livre – nous vivons un moment avec une belle galerie de personnages : Lucine, Saul, le facteur, Lily, Firmin, Fessou, Jamay (chauffeur de taxi, mais aussi ex-tonton macoute surnommé Matrak) – que Gaudé nous présente step by step et de manière chorale (à chacun sa voix) pendant la première moitié du livre…. Une vieille maison aussi joue un rôle, (ancienne maison close) où les visiteurs, résidents et joueurs de dominos occasionnels se souviennent avec nostalgie de leurs plaisirs d’antan, un peu de politique aussi (J.B. Aristide – président jusqu’en 2004 – et la dictature & terreur …qui ont laissé leur traces rouges-sang…)…. Haiti donc et ses habitants, les vivants et les morts…., et l’amour aussi (entre Lucine et Saul (qui m’a fait penser à Orphée et Eurydice – à cause de la langue de Gaudé? *). Tous ces destins croisés – dans un langage envoûtant (voodooesque?), parfois sonnant vieux et en même temps intemporellement lyrique et incantatoire tout en utilisant des phrases plutôt courtes et simples.
* « t’ennuieras-tu de mes projets avortés, de mes jours sans force? – Non, j’appliquerai mes mains sur tes joues, tes lèvres, tes yeux et a force reviendra. Il l’enlaça à la taille, posa ses lèvres sur les siennes. – Pour toujours, ta lumière sur la mienne? – Toujours. – Pour toujours, tes mains qui comblent les vides de mon corps et étanchent ma soif? – Toujours Ils se mangeaient avec avidité, se caressaient, glissaient l’un sur l’autre pour sentir leur peau. – Éteins le monde pour moi. – Je le fais. – Plus rien n’existe que ta saveur et l’ivresse (p.113/114)
Ce tableau coloré et pluriel, presque joyeux avec parfois – comme des signaux avertisseurs – des incursions noires, d’esprits malveillants, oui tout ce beau tableau va être détruite par un tremblement de terre et ses répliques (les effets destructeurs sont bien rendus )…. les couleurs seront remplacées par des gravats, poussières, hébétude, douleur …..des survivants (qui se retrouvent ainsi à la lisière du monde opaque des vivants et des morts).
Toutefois je n’étais pas conquis. La structure me semble être superficiel, « fabriquée » presque un « exercice de style » malgré quelques descriptions captivant (et « photographiques »), le livre me semble côtoyer les bons sentiments (pas de mention des pillages… – (presque) tout le monde et gentil). La langue aussi est parfois déconcertante.
Ok – j’avoue, je n’aurais pas dû lire le dernier livre de V. Depentes (critique à suivre) avant celui-ci…. mais quand-même…. Un peu déboussolé donc…..
PS (le 27.3.)
Critique dans Le Monde daté du 27 mars (Vivre et mourir en Haïti – Auytour du séisme de janvier 2010 L.G. tisse un roman au ton de fable, tout en empathie – il « convoque la fiction pour rendre sensibles les drames du monde contemporain….maestria à animer les ombres.…. »
Ha c’est sûr on peut pas les comparer, on ne peut pas trouver auteurs davantage aux antipodes ! Gaudé qui est un de mes auteurs chouchous parce que son style me renverse, a quand même tendance parfois à faire du Gaudé ! J’en ai lu 4 : Pour seul cortège (particulier mais superbe), Le soleil des Scorta (mon préféré), La mort du roi Tsongor (pas mal) et La porte des enfers (un coup de coeur, sombre mais plus dans l’émotion que le style). Bizarrement celui-ci ne m’attire pas encore, sur Haïti, j’aime la belle prose poétique de Lyonel Trouillot, l’enfant du pays, donc j’appréhende les clichés plus que l’exercice de style qui moi, me comble en règle générale ! A suivre ! 😉
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Merci pour cette « mise au point » – j’avis personnellement moyennement aimé le soleil des Scorta – si ma mémoire est bonne….
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Celui-là me semble trop lyrique pour mon goût de littérature « au couteau ». Aha,mais je me réjouis de te lire sur Despentes!
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J’attends terminer « Apocalypse Bébé » pour faire un « doublé » avec « Vernon Subutex » – et je peux te dévoiler une chose déjà… : j’adôre!
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J’en étais sûre! Me too!
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Je trouve les derniers Gaudé moins bons que les premiers. Mon « hit » étant « Le soleil des Scorta » et « Eldorado »
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….faudra peut-être que je relise un jour le « …Scorta…. »
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Bon, ce n’est pas avec Danser les ombres que je reprendrai ma série Gaudé (sept romans lus au palmarès). J’ai aussi beaucoup aimé Apocalyspe bébé et compte lire Vernon, dès qu’il sera empruntable à la biblio. Bisous
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Je viens de finir Apocalypse – qui se lit presque comme une « ébauche » de V. Subutex…. qui a mon avis est encore plus abouti…. tu te régalera je pense. Bizzz
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il y a juste la prose de l’auteure qui me plaît moyen : j’imagine qu’elle continue à juxtaposer les « que » et les « qui ».
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Pas que ça …. mais en tant qu’allemand je n’ai pas tut de suite les poils qui se hérissent…..
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