Ahhh quel plaisir de laisser tomber les « sluggish economy » « widenings of issuers » et autres « accomodative statements » à la pelle pour entendre les 1800 et quelques alexandrins tellement actuels de Jean–Baptiste Poquelin, dit Molière….
« Le Misanthrope »
Après la mise en scène « moderne » et située dans un appartement bourgeois du « Tartuffe » vu récemment, nous voilà dans une mise en scène quasiment à l’ancienne…
Alceste qui dit de lui-même que : « L’ami du genre humain n’est point du tout mon fait » est joué par le metteur en scène himself Michel Fau …. et c’est vrai on ne le voit pas souvent sourire……
Les costumes sont plutôt sophistiqués – le décor sobre/simple (un « rideau » devant lequel se déroule – quasi statiquement – la moitié de la pièce – peint avec une sorte de simili-Bosch-Brueghel (pas mal comme idée pour représenter l’enfer dans lequel le pauvre Alceste doit vivre…)…. ainsi que, quand celui-ci se lève
: un banc, des décors d’une simplicité dépouillée « juste » rehaussée par des lumières en couleurs tape-à-l’œil et à la limite parfois de « jurer » – on est à des kilomètres lumières de la sobriété de Lambert/Franchet pour le Tartuffe…. – Michel Fau s’est également occupé du décor)
Par cette scénographie à « deux dimensions » on gagne finalement l’impression d’assister à une représentation (mise en scène) venant du 17e siècle, on arrive à (re-)sentir la perception et la drôlerie qu’ont dû éprouver les spectateur d’alors, et on peut/doit se concentrer au texte, qui éclate et fait rire par un penchant pour une certaine outrance de l’élocution, les mimiques surjoués, borborygmes, jeu d’accents…. (ahhh le petit marquis….) – et surtout les parallèles avec le monde d’aujourd’hui…..
Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode
Qu’affectent la plupart de vos gens à la mode ;
Et je ne hais rien tant que les contorsions
De tous ces grands faiseurs de protestations,
Ces affables donneurs d’embrassades frivoles,
Ces obligeants diseurs d’inutiles paroles,
Qui de civilités avec tous font combat,
Et traitent du même air l’honnête homme et le fat.
Quel avantage a-t-on qu’un homme vous caresse,
Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse,
Et vous fasse de vous un éloge éclatant,
Lorsqu’au premier faquin il court en faire autant ?
(Alceste dixit)
Julie Dépardieu joue Célimène (c’est la première fois que je la voie au théâtre) – et convainc…., Edith Scob en Arsinoé est plus stupéfiante (à mon goût) (peut-être un peu trop avancée sur le chemin de sa vie pour correspondre complètement au rôle, mais quel voix)….Jean-Pierre Lorit nous joue un Philinte très proche de celui joué par L. Wilson, avec un côté class’….Le reste de la troupe à l’avenant. J’ai bcp apprécié la soirée – même si j’ai raté ainsi une surprise-party pour les 55 bougies de J.H. que j’embrasse de loin…..
Parenthèse : c’est drôle, j’ai souvent pensé au film « Alceste en byciclette » – adaptation libre de la pièce sur l’Ile de Ré avec F. Luchini (Alceste) et L. Wilson (Philinte) …. en entendant déclamer M. Fau un peu raide et par trop distancié (au début) à mon goût (la dégustation des mots poquelinesques par Lucchini …. un régal) .
Une belle critique :
Quel billet mes aïeux 😁 !!! Je vais le lire en plusieurs fois ‘! Bravo 😀
J’aimeAimé par 1 personne
J’adore cette pièce dont je connais par coeur ce tout petit morceau : »Tête bleue ce me sont de mortelles blessures de voir qu’avec le vice on garde des mesures et parfois il me prend des mouvements soudains de fuir dans un désert l’approche des humains ». Merci pour le partage.
J’aimeJ’aime
J’ai tellement aimé la mise en scène de Sivadier : je ne suis pas sûre de me coller à un autre Misanthrope du coup.
J’aimeAimé par 1 personne