Dans la série de mon soutien à la production cinématographique européenne, j’ai vu le film allemand :
« Phoenix » de Christian Petzold (« Yella », « Barbara »)
J’en sors mi-figue-mi raisin…..
Le film se passe en Allemagne immédiatement après la guerre. La juive Nelly Lenz est emmenée – après avoir quitté les camps – par son amie Lene en voiture à Berlin pour y être opérée. Nelly a survecu à des tirs sur son visage …. défiguré (cela rappelle en effet Franju – Les yeux sans visages….. ) – une opération qui lui rend un beau visage qui ressemble mais qui n’est pas tout à fait celui d’avant. Lene est la seule qui sait que Nelly a survécu – de plus la famille de Nelly a été tuée pendant la guerre. Reste juste le mari de Nelly, Johnny/ Johannes qui a refait sa vie. Lene, qui travaille dans une agence de la Croix Rouge, va apprendre que Johnny avait indiqué aux Nazi la cachette de Nelly en 44. Pas étonnant donc que Lene ne souhaite pas que Nelly retrouve son mari….
Nelly n’y croit toutefois pas à la trahison de son mari ….. Johnny va la voir mais ne la reconnait pas, il ne constate que des ressemblances….. et lui propose de jouer sa femme, donc de simuler Nelly, qu’il croit morte, afin d’obtenir l’héritage considérable de cette dernière…… Nelly accepte…..et va devoir faire semblant d’apprendre à être la disparue…. on voit bien le mic-mac qui se passe donc dans sa tête….
« Phoenix » sort au moment du 70e anniversaire de la libération des camps. Toutefois, on en parle guère dans ce film. Le film décrit le retour à la normalité, une (des) reconstruction(-s) (visage, société) …. tout en touchant de loin la question du retour des camps (« Mais on va me poser des questions sur ce que j’ai vécu dans les camps... » dit-elle à son Johnny, qui lui rétorquera qu’elle ne devait pas s’en faire, personne voudrait savoir ce qui s’est passé là-bas….. – et il aura raison).
Reconstitution d’un Berlin en ruine, souvent des scènes de face-à-face dans le décor d’une cave emménagée (Nelly, Johnny) ou dans un appartement bourgeois, (Lene, Nelly + une gouvernant) comme échappée à la guerre, quasi-luxueuse…. Notons que Nina Kunzendorf (connue des allemands par ses rôles de commissaire dans la série « Tatort » )
et très convaincante dans son rôle de Lene. Nina Hoss est comme toujours lumineuse et fait défiler ses pensées sur son beau visage et son déjà-partenaire dans « Barbara » (Ronald Zehrfeld) joue à la perfection l’avidité, la rage de vivre et la décomposition au moment de la découverte de ce qu’il ne voulait pas voir. (très belle scène autour de la chanson « Speak Low » de Kurt Weill…..)
Speak low when you speak, love,
Our summer day withers away
Too soon, too soon.
Speak low when you speak, love,
Our moment is swift, like ships adrift,
We’re swept apart too soon.
Speak low, darling speak low,
Love is a spark lost in the dark,
Too soon, too soon,
I feel wherever I go
That tomorrow is near, tomorrow is here
And always too soon.
Time is so old and love so brief,
Love is pure gold and time a thief.
We’re late darling, we’re late,
The curtain descends, ev’rything ends
Too soon, too soon,
I wait darling, I wait
Will you speak low to me,
Speak love to me and soon.
Je suis resté un peu en retrait de cette histoire, et avais un peu de mal à accepter le point de départ…. De plus, la construction tout en métaphores et face-à-faces dans des décors assez nus, ne me laissais pas le loisir d’avoir une empathie pour Nelly ou Lene. Seule la montée crescendo de la tension entre les deux principaux protagonistes vaut bien la peine (notamment la toute dernière scène…..). Le film est moins tendue que « Barbara » mais vaut son pesant de cacahuètes…..
Critique intéressante sur Critikat :
http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/phoenix.html