L’asticot de Michelle Bernard

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Concert hier soir avec Michelle Bernard http://www.michelebernard.net/?p=revuepresse    [https://www.facebook.com/michelebernard.net]

que je ne connaissais pas – surpris de ce bout de femme funambule (67 ans!?) – intègre, vraie, avec des textes empreints d’une poésie sociale et des mélodies qui ne la feront jamais entrer dans le Top 50 (elle en aurait horreur, j’en suis sur)…. elle préférera  aller voir la tombe de Louise Michel à Levallois-Perret l’ombre des tours du capitalisme – pour chuchoter avec son âme….

http://www.espritsnomades.com/sitechansons/bernardmichele.html

(site avec un très joli portrait….)

Quelques chansons chantés hier :

Une fois qu’on s’est tout dit

Une fois qu’on s’est tout dit Tout crié

Qu’on pleure assis au bord du lit
Tout miné, les yeux bouffis
Le nez bouché
Comme la trompette
De Chet
Baker
Le cœur
En miettes
Qu’est-ce qu’on fait ?
On s’jette ?
Non, on va boire un verre
A la santé
De l’amour qui s’était
Un instant
Absenté

 

 

« L’éducation sentimentale »

C’est un petit asticot blanc
Qu’a traversé pendant un an
Un bouquin qu’on n’ lisait plus guère
Et qui dormait sur l’étagère
Il l’a troué de part en part
Faut dire qu’il était pas flemmard
Pour se descendre en transversale
L’éducation sentimentale

Un trou dans le point sur le i
D’ sentimentale, c’était parti
Une fois franchie la couverture
Pouvait commencer l’aventure
Cet auteur, il l’a adoré
On peut dire qu’il l’a dévoré
Ce mille-feuilles de huit cent douze pages
Comme on fait un trou dans le fromage

Mais quelques pages avant la fin
Il se dit « Je n’ai plus très faim »
Et dans la couverture bleu pâle
D’ l’éducation sentimentale
Il s’est endormi bienheureux
Non sans faire une crotte ou deux
Ce qui fit un peu de poussière
Sur le rebord de l’étagère

Cela attira l’attention
D’un gars qui l’ mit sans transition
Dans une boîte de ferraille
Grouillant d’asticots de sa taille
Un gros hameçon de métal
Qu’avait rien de sentimental
L’envoya valser dans l’Ardèche
Il trouva l’eau un peu trop fraîche

Elle n’avait même pas lu Flaubert
Celle qui l’avala de travers
Et le tint serré dans sa luette :
Une grosse perche analphabète.
Comme quoi aimer les grands auteurs
Ça vous protège pas du malheur
Et s’il faut finir en friture
C’est à dégoûter d’ la lecture

Et ce petit asticot blanc
Mourut dans un calme troublant
Ce qu’il trouva surtout dommage
C’est d’ pas connaître les dernières pages
De c’ bouquin qu’on n’ lisait plus guère
Et qui dormait sur l’étagère
Dans sa belle couverture bleu pâle

http://youtu.be/lIxX6d0WUZI

Paroles de L’usine à Chagrins

L’usine à chagrins
Marche jour et nuit
L’usine à chagrins
Fait de gros profits
L’usine à chagrins
Produit tant et plus
L’usine à chagrins
Tourne à flux tendu

Pas besoin de stock
Le chagrin s’écoule
On l’ fabrique et toc!
On le vend, c’est cool

Mais la fabrique à Célestin
Où l’on fait ces petits riens
Qui font qu’ la vie pétille
Qui font qu’ la vie frétille
Un rire au fond d’un verre de vin
Dans l’ regard d’un copain
Le bleu d’ l’amour qui brille
Et les fous rires des petites filles
Rien, rien n’est à vendre chez Célestin

L’usine à chagrins
A des succursales
Avec salles de bains
Où va l’argent sale
L’usine à chagrins
A des actionnaires
Qui attendent les talbins
L’ cul sur la misère

Pas besoin de pub
Le chagrin s’arrache
En spray ou en tube
Le client paie cash

Mais la fabrique à Célestin
Où l’on fait ces petits riens
Qui font qu’ la vie picote
Qui font qu’ la vie gigote
En rentrant au petit matin
Quelques phrases de Bobin
Punaisées sur la porte
Et le printemps qui met ses bottes
Rien, rien n’est à vendre chez Célestin

L’usine à chagrins
Ne sent pas la rose
Surtout les matins
Où l’ chagrin explose
L’usine à chagrins
A des responsables
Qui se lavent les mains
La tête dans le sable

On tourne la page
Et l’ chagrin triomphe
Et même, il s’ propage
Et ça r’part à donf

Mais la fabrique à Célestin
Où l’on fait ces petits riens
Qui font qu’ la vie s’affole
Qui font qu’ la vie décolle
Une vieille au fond du jardin
Qui demande le chemin
Qui mène à son école
Et un ami qui tient parole
Rien, rien n’est à vendre chez Célestin

Chez Célestin

 

Les petits cailloux

 

Au fond de la Durance
y a des ptits cailloux verts
tach’tès de gris
à c’qu’on dit
on n’ en trouve que là-bas
de ces p’tits cailloux vert-là.

C’est tard les chiens vont s’endormir
pleins de grognements, de soupirs
après la chasse, après la fête
des rêves de chiens pleins la tête

Et mai je suis comme une pierre
au fond du lit ma rivière
ventre en l’air je n’sens plus mon corps
j’dérive avec les poissons morts

Tu m’as dit un jour
que le ventre de ta mère
sur son lit de mort
était lisse et doux
comme un ventre de petite fille

Offert a la mort
toute douleur effacée
et pourtant tu pleures
ce ventre que la mort seule
t’a permis de découvrir

J’peux pas dormir, ça tourbillonne
maint’nant j’ai peur du téléphone
corne de brume des mal-aimés
j’voudrais pas qu’tu t’mettes à sonner

J’suis cailloux au fond d’une rivière
qu’est pas notée dans l’annuaire
j ai fait vingt-mille lieues en silence
et les mots n’ont plus d’importance

Couchée sur une civière
je suis une vieille femme qui va mourir
deux hommes m’emmènent
indifférents derrière leur sourire

Ils me soulèvent
un peu au-dessus de la terre
balancement très doux
entre la mémoire et l’oubli

je pars pour une sieste infinie
Un voisin ronfle au-d’sus de ma tête
j’écoute monter la tempête
c’est un homme très distingué
qui m’salue pas dans l’escalier

J’imagine sa main posée
en signe de propriété
sur le sein d’une femme endormie
ça m’rend morose au fond d’mon lit

Oh j’aimerais bien
que tu me balances très fort
contre la vitrine
du magasin de porcelaine
ça f’rait chanter la sirène

J’f’rais un peu d’ remue-ménage
dans les listes de mariage
ménage et vaisselle brisés
j’aim’rais bien être un pavé
dans cette mare d’médiocrité

J’entends plus mon cœur c’est la fin
non c’est l’réveil qui marche pas bien
demain j’le porte a réparer
mais ‘crois bien qu’son heure a sonné

J’vais m’endormir jusqu’à demain
mais c’soir prends-moi dans l’creux d’ta main

j ‘suis un p’tit caillou vert de la Durance
et je pèse mon poids d’espérance

A propos lorenztradfin

Translator of french and english financial texts into german
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2 commentaires pour L’asticot de Michelle Bernard

  1. Un joli petit caillou !

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