« Bye bye happiness, hello loneliness, hello emptiness… » Adieu bonheur, bonjour solitude – C’est la chanson des Everly Brothers que nous entendons – la salle encore illuminée – Il n’y aura pas de lever de rideau, une partie des acteurs est déjà sur la scène…. les premiers dialogues et verres de vodka bus avant l’arrivée de toutes la troupe, qui descend peu à peu des gradins de la MC2 …. c’est ainsi que débute Oncle Vania (Tchekhov) une pièce pleine de vie (tristounette), de rire et de désespoir sensuel. Mise en scène par Eric Lacascade.
Le professeur Sérébriakov revient de la ville et s’installe à la campagne accompagnée par sa belle et jeune femme Elena. Il envisage d’y passer sa retraite. Sa fille Sonia et Vania, le frère de sa première femme, se sont occupé pendant des années de la maison familiale (tant bien que mal) et le retour du professeur va créer un déséquilibre qui touchera également le médecin Astrov.
Un peu de musique (piano de Vania, guitare de Téléguine, l’accordéon) rajoute à la tristesse (des amours perdus/ratés) et la mélancolie (le regard sur l’âge, la vieillesse) dans ce microcosme.
J’avais vu la mise en scène de Julie Brochen (2003 – Aquarium) avec Jeanne Balibar – quand j’habitais encore à Paris. Aujourd’hui je dirais que je préfère la lecture (mise en scène) de Lacascade (les deux utilisaient la même traduction – de André Markowizc et Françoise Morvan). Certes, la troupe de J.B. était plus éclatante à titre individuelle (LA Jeanne B. , Pierre Cassignard, François Loriquet, Jean-Paul Roussillon)….. et Jeanne Balibar avait une tout autre présence (et voix (!!) que Ambre Cahan (qui se la joue en brune plantureuse et lascive…
Lire l’excellente critique sur http://hierautheatre.wordpress.com/2014/03/20/la-pluie-de-roses-engourdissante-et-destructrice-doncle-vania/ :
L’autre clef de voûte du spectacle repose sur l’extraordinaire éclectisme de la troupe d’acteurs dont le jeu se complète dans une disharmonie paradoxale : le couple de personnages qui frappe sans doute le plus réside dans l’association entre Eléna et Sonia. Ambre Kahan séduit en vamp plantureuse et insuffle dans son interprétation une belle dose de répulsion combinée à une forme d’attirance à la fois pour le mystérieux Astov mais aussi pour Vania. Millaray Lobos Garcia donne ses traits à la frêle et charitable Sonia : petite souris aux faux airs de Victoria Avril avec son accent ibérique, la jeune comédienne est la révélation du spectacle. Bouleversante dans la conscience de n’être qu’un gentil laideron, l’actrice parvient à distiller une réelle empathie pour son oncle et se montre déchirante dans l’aveu de sa passion au docteur. Les scènes confrontant la femme fatale et la femme enfant permettent de saisir la relation ambiguë qui lie les deux protagonistes féminines.
Lacascade réussit bien mieux la direction de l’ensemble, de la troupe et les passages sans chi-chi du groupe vers les duos (l’intime)….
Ce qui n’enlève rien au plaisir : On entend bien le texte de Tchekhov.
Toutes ces personnes qui se cherchent un sens dans l’amour de l’autre, dans la beauté des forêts ou dans le travail – on peut s’y reconnaître et on s’émeut. Et le fait que Lacascade a intégré dans la pièce des passages d’une oeuvre préparatoire à la pièce, prémonitoire aussi (L’homme des bois) – des passages sur la mort de la nature qui sonnent comme écrites par les Verts aujourd’hui.
La tristesse des amours non partagées irriguent toute la pièce aussi et tragoc-comiquement les personnages s’obstinent à continuer, à essayer de trouver /donner un sens (à leur vie) si courte.
Sur les pages de la troupe
http://www.compagnie-lacascade.com/fr/spectacle-23/ONCLE-VANIA.html
les prochaines dates de la tournée et une impressionnante collection d’articles de presse.