Excellent thriller politico-espionnage dans le sillage de John Le Carré, en chapitres assez courts, façon sarabande puzzlesque qui se densifie et culmine dans un beau final explosif, peuplé de personnages cinématographiques (Soderbergh – et ses « Ocean XX » ou Tarantino ne sont jamais loin), flashbacks, humour décalé… j’aurai aimé que ce plat savoureux ne finisse jamais …
« Les deux sœurs », deux as de la CIA (aux noms de filles Carroll – le fana des nœuds papillons – et Frances), vont sortir le « Potier » (le « novator » = le formateur des « dormants » – à savoir les agents infiltrés pour être « réveillé » pour un coup et ensuite exfiltré, pour planifier l’assassinat d’un homme politique dans le but de faire porter le chapeau aux Russes. D’autres rouages s’y ajoutent, les jaloux au sein des administrations du KGB et de la CIA participants ainsi sur l’échiquier à la planche savonnée….
Cocktail réjouissant de personnages (inoubliables et bien esquissés) – Kaat (la femme qui adore collectionner des mots en « A » (« Plus tard, au souvenir de ce qui était arrivée, elle évoquerait l’ataraxie du Potier – son calme absolu. P. 254 – « Kaat reconnaissait tous les symptômes d’une anagnorise (dénouement d’une intrigue) acronyque (qui apparaît au coucher du soleil) » – p. 396) et par qui le sourire triste arrive, et avec ça la touche d’humour qui détend l’atmosphère lourde). Le « Dormant » et ses pratiques sexuelles (il aime les trios, et appelle ses ex quand il est avec une autre, qui doit raconter en détail ce qu’ils font au pieu….)…les « balayeurs », l’aveugle….
Style simple, quasi-journalistique bardé par-ci par-là de quelques envolées métaphoriques « Dehors le soleil poignardait l’horizon »…. Un vrai page-turner disponible dans la série Policiers Points (en livre de poche). Robert Littell est vraiment un grand et traite mine de rien par le truchement de ce roman les pistes à explorer d’un autre fameux assassinat (1963) perpétré sur le sol américain…