« Faillir être flingué » (de Céline Minard)
5e livre des candidats au Prix du Livre Inter 2014.
Drôle de voyage dans le Far-West et le « luxe rudimentaire ».
4e de couv’
Un souffle parcourt les prairies du Far-West, aux abords d’une ville naissante vers laquelle toutes les pistes convergent. C’est celui d’Eau-qui-court-sur-la-plaine, une Indienne dont le clan a été décimé, et qui, depuis, exerce ses talents de guérisseuse au gré de ses déplacements. Elle rencontrera les frères McPherson, Jeff et Brad, traversant les grands espaces avec leur vieille mère mourante dans un chariot tiré par deux boeufs opiniâtres ; Xiao Niù, qui comprend le chant du coyote ; Elie poursuivi par Bird Boisverd ; Arcadia Craig, la contrebassiste. Et tant d’autres dont les destins singuliers se dévident en une fresque sauvage où le mythe de l’Ouest américain, revisité avec audace et brio, s’offre comme un espace de partage encore poreux, ouvert à tous les trafics, à tous les transits, à toutes les itinérances. Car ce western des origines, véritable épopée fondatrice, tantôt lyrique, dramatique ou burlesque, est d’abord une vibrante célébration des frontières mouvantes de l’imaginaire.
Personnages hauts-en-couleurs, situations réalistes, dures, drôles, pittoresques, fantastiques… Céline Minard réussit à nous brosser à travers les « aventures » d’un petit groupe de personnages qui après divers cheminements vont se retrouver ensemble dans une ville en construction dans le far ouest, …. Saloon-hôtel-de-passe, chevaux, whiskey, contrebasse, forêt, moutons et bœufs, indiens, gangsters, chasseurs de primes, baignoires….
« Elle empoigna sa contrebasse et joua pour lui seul le morceau de sauvagerie qu’il lui avait comme transmis. Il reconnut la pluie sur le poitrail des bêtes, le balancement grinçant des grands pins, l’éclatement de l’eau et du bois, la longue phrase du trajet plein de détours, les boules de moucherons dans les coins d’ombre, la fuite des poissons dans l’eau plate, le départ de la balle, la fuite des chevaux, la fuite des jours dans le temps, la fuite en elle-même et ç ce moment, il éclata en sanglots. Arcie continua de tirer l’archet sur le ventre de sa douleur, implacable et concentrée, afin qu’il en touche la vapeur ourdie de regrets. » (p. 218)
Des fulgurances poétiques de ce type parsèment le livre, apparaissent sans crier gare, au détour dune page, d’un orage, d’une journée écrasé de chaleur, d’une chasse à l’homme. (L’auteur vient de recevoir le Prix Style pour ce roman http://www.prixdustyle.com/manifeste.php) Toutefois le livre est « léger » avance à la mode kaléidoscopique, passant d’un personnage à l’autre, sautant dans le temps, réunissant ou séparant des personnes… Beau tableau d’une époque que nous ne connaissons trop bien à travers les Westerns vu à la TV (et au ciné).
Livre un peu OVNI – à la limite du cinéma (de l’imaginaire) qu’on se projette sur l’écran de se nuits blanches – que j’ai aimé pour son style, la porte qu’il ouvre sur le ailleurs (dans ce cas d’espèce vraiment très très loin de mon quotidien). Je regrette toutefois un peu, que – moi – je l’ai perçu davantage comme une suite de nouvelles, chaine de perles brillantes, qu’un vrai roman maelstrom d’un monde à devenir.
Jusqu’ici – à mon avis – un grand prétendant au Prix du Livre Inter.
Le cri du Lezard est enthousiasmé : http://lecridulezard.wordpress.com/2013/10/09/roman-faillir-etre-flingue-de-celine-minard/
et ma chère Livrophage s’est également « régalée » https://lectriceencampagne.wordpress.com/tag/plaisir/
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