« Ainsi sur les rives fatales du Nil/ Pleure le crocodile trompeur/Ainsi les hypocrites coupables du meurtre/En rendent le ciel et les dieux responsables ! »
Avec l’opéra baroque Didon et Enée, Henry Purcell en appelle, pour son livret écrit en 1689, à la légende du héros fondateur de la nation romaine. L’odyssée du troyen Enée passe par Carthage où il tombe dans les bras de la reine Didon. Pressé par les dieux d’accomplir son destin, Enée devra quitter la belle mais ce faisant, il la condamne à se laisser mourir de chagrin.
Samuel Achache et Jeanne Candel remettent sur le métier l’œuvre de Purcell en la questionnant dans toutes ses composantes. A travers de multiples résonances avec des matériaux puisés à la littérature et à la peinture, au cinéma et au documentaire, l’acte jubilatoire de « bricoler » l’opéra à l’aune des temps présents s’avère alors le plus passionnant des défis. Sous la direction musicale de Florent Hubert, c’est avec des musiciens venus du jazz que ce projet s’affirme comme une création collective dont les coauteurs sont aussi des acteurs et des actrices qui ont accepté de se métamorphoser en chanteurs. La mise en perspective d’un monument de l’opéra qui se reconstruit sous nos yeux à travers la belle énergie d’une jeune troupe témoignant d’un art vivant qui se réclame très naturellement de l’ici et du maintenant. (j’ai volé ce texte du site de France Inter)
Ci-dessous l’air fameux de l’opéra en mode « classique » « When I am laid in earth » (Dido’s Lament) chanté par Sarah Connolly.
La soirée commence par l’arrivée d’un comédien (je pensais au début que cette personne décontractée voulait nous avertir d’éteindre nos portables) ….et qui parle, dans un flot ininterrompu et plein de digressions de l’harmonie des sphères, des rapports – entre ci-et ça, les nombres, les notes de musique et tutti quanti…. de la traversée hilarante, accompagnée de gestes appropriés, de la mer aussi, soit horizontale – d’un endroit à l’autre – ou verticale – en passant par la surface et coulant, coulant, s’asphyxiant….… Son discours (son cours magistral) sera interrompu par des musiciens qui arrivent en grande tenue. Ils jouent quelques notes, et discutent entre eux, pour la plupart, en un anglais de cuisine. Les musiciens disparaissent, se transforment en médecins qui dissèquent le corps d’une femme pour trouver les éléments qui pourraient expliquer sa mort par amour (nous sommes dix minutes dans un plein délire Monthy Pythonien)….jusqu’à ce que Enée arrive, British, accompagnée par un « vrai » orchestre…..l’opéra commence….
http://www.mc2grenoble.fr/Mc2-spectacle/Theatre/Le-crocodile-trompeur-didon-et-enee/p7c2sc409.html
Décor en champ de ruines, le battement de cœur de Didon amplifié pendant une minute (stéthoscope branché sur ampli) remplissant un silence assourdissant de la salle …. un lustre en cristal qui se balance, chaussures de ski, des arbres qui, quand on coupe une branche, perdent du sang, ….
Entre des séquences de gags (solo ou en duo), des monologues (stand-up) qui remplacent les récitatifs, nous allons entendre les airs connu de l’Opéra de Purcell, interprétés formidablement par les musiciens, acteurs sachant chanter aussi (ils font le chœur) – et tout cela dans la bonne humour communicative, teintée de bizarreries réjouissantes.
Mention spéciale à Judith Chemla – surprenante, juste, avec une vraie présence sur scène – et qui tient son rôle de Didon plus qu’honnêtement… http://next.liberation.fr/cinema/2013/06/17/judith-chemla-une-fille-bien-barree_907896
Je ne peux vraiment que conseiller cette soirée – si elle passe près de chez vous….. elle dépoussière…. (au Luxembourg le spectacle passait le 26+27.11.2013)
Ca repasse à Paris du 27.12.2013 au 12.1.2014 http://www.bouffesdunord.com/fr/saison/5187c30b04f5e/le-crocodile-trompeur-didon-et-enee
Ping : Adieu, beaux rêves souriants du passé, les roses de mon visage sont déjà fanées | Coquecigrues et ima-nu-ages