Ebloui par la lecture de son 1er roman « Mississippi » (Mudbound) lu il y a 2 ans (https://lorenztradfin.wordpress.com/?s=Jordan) , j’ai accepté avec plaisir le prêt par une amie de » Ecarlate » 2e roman de Hillary Jordan.
http://www.livredelire.com/ecarlate-hillary-jordan/
Une dystopie http://fr.wikipedia.org/wiki/Dystopie, c’est à dire un roman dans une Amérique ultra-puritaine pas si loin de nous, une Amérique après une Grande Epidémie (stérilisant les femmes). Hannah a dû se faire avorter clandestinement (le père de l’enfant est un pasteur très respecté, marié et promis à un bel avenir politique dans cet Etat ou l’Eglise a pris le pas sur l’Etat (il deviendra le Ministre de la Foi). Etant donné que l’avortement = meurtre, Hannah est condamnée à devenir une Chrome. En effet, cette société injecte des virus marquant pour une durée variable (il y a des injections de rappel pour faire durer) les « délinquants » en jaune, vert, bleu ou rouge selon la nature de leur crime. Hannah sera rouge (écarlate). Peu ou pas de prisons donc – et la punition est bien pire encore, puisque les délinquants sont visibles à l’œil nu, stigmatisés, souvent rejetés par leurs familles, l’entourage. La vie est rendue plus dure encore par l’existence d’une sorte de Ku Klux Klan (le Poing) qui vont à la chasse des Chromes.
Hannah rencontrera des membres d’une sorte de Résistance militante qui trouvera peut-être un moyen de la sortir vers la liberté au Québec (tiens!) . Après une assez longue partie permettant à H. Jordan de dépeindre la société, de faire des flash-backs sur la naissance du couple des « amoureux », de décrire le mode de vie des parias, des militants de la Résistance, les relations avec ses parents, sa sœur (soumise à un mari membre du Poing), les filières de la prostitution….la narration se concentre sur l’errance et la fuite de Hannah.
Drôle de livre sombre qui à travers cette dystonie parle bien aussi de notre monde actuel, de l’emprise des Hommes sur les femmes, les violences…. La langue n’a plus rien à voir avec la poésie de « Mississppi », c’est plus quelconque. Parfois cela devient même un peu didactique (je trouve) . Toutefois, le rythme s’accélère, on se doute certes qu’elle réussira, et on est bien en accompagne de cette femme qui deviendra « elle-même ». ((she woke, and she was herself »)
Bien entendu on pense à des romans comme « La lettre écarlate » http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Lettre_%C3%A9carlate_(roman) ou « La servante écarlate » http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Servante_%C3%A9carlate (pas lus mais vu au cinéma dans leur transpositions cinématographiques) qui eux aussi avaient dépeint – chacun à sa manière – la disparition des libertés sociales bien avant ce XXIe siècle.
Je sors de la lecture du livre un peu sur ma faim – sans pouvoir dire exactement pourquoi! – mais pas mécontent. Traduction par Michèle Albaret-Maatsch.
et une autre opinion :