Cadres Noirs

Avant, pendant, après

C’est ainsi que Pierre Lemaitre décompose en trois grandes parties son roman « Cadres Noirs » (Prix du polar européen – 2010)…..J’ai lu le roman dans sa version poche dans la section Thriller.

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Après la lecture je me suis dit que « Le livre de poche » devrait instaurer/ouvrir une nouvelle catégorie de « Thriller social » ou « Polar psychologico-social ».

Alain Delhambre, cadre (DRH) de 57 ans au chômage depuis 4 ans proche du bout du rouleau (il perd un petit boulot payé au lance-pierres) voit se dessiner la possibilité d’une embauche : il devra participer à une sorte de concours qui s’avèrera être truqué…. Prêt à tout pour obtenir le travail, il va se venger….

P. Lemaitre nous promène par le bout du nez (un peu comme Delhambre manipulera sa femme – qu’il aime…, ses filles, son gendre) et va assez loin dans son réquisitoire  – … La noirceur lui sied bien. A plusieurs reprises j’ai pensé au film «Le Couperet »  de Costa Gavras (avec José Garcia)….. mais Lemaitre ne tient, à mon avis, pas tout à fait la route et ne m’a pas vraiment convaincu dans cet opus.

Le 1er et le 3e chapitre sont narrés par A. Delhambre himself, le 2e par l’organisateur du concours (pour mettre les candidats en situation et les tester sous stress, le futur employeur fait organiser un hold-up des candidats…..) Delhambre qui apprend cette approche va être le Deus ex Machinae – et rien ne marchera comme initialement prévu….J’ai eu du mal à croire en ce personnage de cadre au bout du rouleau….son être multi-facettes avec les ressources d’un super-héro et « super-brain » et les rebondissements m’ont paru trop fabriqués….

Certes, la critique de la société du fric (ahh ces bouts d’info des média sur les bénéfices des entreprises, les rachats, les traders) résonne en unison avec ce qui se passé actuellement en France (on n’a que regarder les échauffourées actuels entre salariés sacrifiés et salariés sauvés à l’abbatoir GAD) et constitue un cocktail critique versant dans un arrière-fonds socialo-critique-anti-capitaliste……Mais les ficelles de l’intrigue sont épaisses, la fin un peu « too much » avec un trop plein d’actions et de rebondissements ce qui nuit à la crédibilité.

Toutefois on ne peut pas nier quer Lemaitre est un as de l’écriture. Ses descriptions sont réussies…et toujours avec ce petit plus enlevé….et qui m’a fait tourner les pages avec un plaisir certain.

Ainsi Delhambre décrit-il une de ses 2 filles….:

« Mathilde est professeur d’anglais, c’ est une fille très normale. Elle entretient une passion inexplicable pour la vie quotidienne. Ça l’enthousiasme de faire les courses, d’imaginer ce qu’elle va préparer à manger, de penser, huit mois plus tôt, à trouver une location pour les vacances, de se souvenir du prénom des enfants de toutes ses copines, des dates de naissance de tout le monde, de planifier ses grossesses. Cette facilité à remplir sa vie me stupéfie. L’exaltation que lui procure la gestion de la banalité a quelque chose de réellement fascinant. » (p.32)

En me promenant dans le WWW,  j’ai appris qu’un film avec Albert Dupontel et Sandrine Bonnaire  (mise en image par Manuel Boursinhac) sortirait en 2014…. Pas étonnant….le roman est un bon canevas pour un thriller social, même s’il ne m’a pas convaincu. Dupontel , je le vois bien dans le role de Alain D.

A propos lorenztradfin

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