« 24 heures de la vie d’une femme » moderne française, d’une banlieue parisienne, victime des structures sociales, d’elle-même, de bonnes intentions – ce n’est donc pas chez Stefan Zweig qu’on se trouve avec « La vie domestique » – adaptation /transposition par Isabelle Czajka d’un roman de Rachel Cusk : « Arlington Park ». Non est plutôt chez Virginia Woolfe (citée par ailleurs dans le film à travers la lecture d’un extrait de « La Promenade au phare » ). Le roman de R. Cusk tissait sa narration autour de 8 femmes….. ici nous sommes en presence de 4 femmes :
…. Marianne (Natacha Rénier) enceinte et dépassée par les évènements (son pavillon = un bordel ; et elle a à peine conscience de la venue d’une Fille au pair…)- peu credible, non?). Betty (Julie Ferrier) imprégnée par ses origines « prolo » et phobique de tout ce qui pourrait la faire retomber dans la « vulgarité ». Inès (Hélèna Noguerra) femme-poupée creuse assortie d’un môme tête à claque mal élevé qui dessine au crayon feutre sur le « beau » canapé blanc de Betty, ce qui semble peut la gêner (« ah, il est intenable son gosse, quand son père n’est pas là« ….….Juliette (Emannuelle Devos), arrivée il y a peu dans cette banlieue résidentielle, avec ses maisons toutes identiques… et qui semble assez à cran et voudrait bien trouver un job….
Le film commence avec un diner – et se termine avec un diner ….entre-temps Isabelle Czajka observe en bonne entomologiste la vie de tous les jours de ces quatres femmes (sutout celle de Juliette) faisant rentrer dans ces « sketches » l’ensemble des questions de la femme et un peu de ce microcosme de la société française…. Le dîner inaugurale est le parfait exemple de cette approche : il est surécrit pour presenter en top chrono 3/4 minutes la situation ET la relation du couple tout en décrivant le monde dans lequel les deux se situent, avec lequel ils doivent composer, l’un en pliant (l’homme), l’autre en ayant des couilles (la femme)…ce qui est trop demander à une petite sequence….
J’ai lu quelque part, que I. Czajka a tourné le film caméra à l’épaule, cherchant une grande fluidité, sans ellipse aucune. Le spectateur assiste donc un peu à tout : conduire les enfants à l’école (2 pour chacune des 4 femmes!), traverser un beau parc (on le voit au moins 10 fois…) – avec une belle prairie, un étang…. boire un café chez l’une ou l’autre, faire les courses, les repas, la vaisselle, la lessive – faire une virée au Centre Commercial (pour essayer des robes), chercher les enfants à l’école….. dîner …avec les Messieurs, absents toute la journée (ou même la semaine)….
Il y a un petit côté « Desperates Housewives » (sans l’humour) très noir, très sombre et pessimiste…et transmettant au spectateur que j’étais un peu de cet ennui, la vacuité….
En sortant je me suis dit : dommage que la réalisatrice n’ait pas tranché entre « peinture réaliste » ou « satire grinçante caricaturale». A mon goût, les dialogues trop écrites, trop chargées de « sens » ont alourdi le film, ont pesé sur les performances des actrices (qui pour moi sonnaient parfois un peu trop faux et / ou trop stéréotypés-clichéesques) – sauf Emmanuelle Devos – très convaincante (avec sa moue et son regard de déçue qui se libère – le dernier (long) regard qu’elle jette sur son mari vaut un tiers du film)…. et peut-être – en rétrospective – la courte apparition de Marie-Christine Barrault dont le discours était chargé en peu de temps de toutes les questions de la femme ( sa place dans la société, la famille, ses attentes perpétuelles, les sacrifices) – qui s’emmerde.
Les maris ? ….(Il n’y aucun que je sauverai …..)
D’accord avec la critique de chronic’art :
http://www.chronicart.com/Article/Entree/Categorie/cinema/Id/la_vie_domestique_-12661.sls