Bjarni Gislason de Kolkustadir. Ljosuvöllur, Hvbaleyrarholt …un livre dans lequel les noms des personnages et regions nous permettent un rendez-vous avec une terre inconnue et un mode de vie étranger à nos habitudes est (pour moi) toujours une boufffée d’oxygène.
Ce court roman épistolaire (131 pages) de Bergsveill Birgisson, pétri de poésie brute (de nature) consiste en une longue lettre écrite par un homme de 90 printemps ( « un vieux tronc de bois flotté » ou « une vieille bûche vermoulue et pourrie gisant sur le ravage du temps p. 111″) à l’amour de sa vie, Helga. Il s’agit de la réponse à une lettre que Helga a écrite des décennies auparavant – suite à la rupture de leur relation – et à laquelle il n’avait jamais répondue (toute en la gardant précieusement – « la lettre sacrée » …)
Il était une fois, en Islande, un homme marié à Unnur qui tombait raide amoureux de sa voisine Helga (marié à Hallgrimur, dresseur de chevaux, qui était souvent absent, loin dans le Nord « à fond dans les pouliches« ). Il vivait une belle saison d’amour avec elle. (« Quand nous avons fait l’amour, tes seins balottaient contre le râtelier. Comme des cygnes sur la vague. » (p.66). Un enfant nait de cette union, elle le somme à choisir entre : partir avec elle à Reykjavik ou de rester (et de ne plus la revoir)…et il reste.
Tout le récit, toute la lettre est donc un chant à cet amour « de jeunesse », de regrets, de questionnements sur les choix qu’on doit/peut faire dans une vie, d’évocation des paysages islandais, du dur travail des éléveurs – dans une langue proche des « arts primitifs » : simple, naturaliste, empreinte de croyances, d’influences par les lectures (de contes, récits anciens), de refelxions sur la « modernité » et l’homme face à la nature.
Parfois sa confession sonne drôle à nos oreilles, habitués que nous sommes à d’autres metaphores « … Te voir nue dans les rayons de soleil était revigorant comme la vision d’une fleur sur un escrprement rocheux. Je ne connais rien qui puisse égaler la beauté de ce spectacle. La seule chose qui me vient à l’esprit est l’arrivée de mon tracteur Farmalle. Arracher l’armature et le carton protegant le moteur pour découvrir cette merveille éclatante qui allait changer ma vie... » (p.64)
Ou l’épisode de « l’oubli de la défunte » – le cadavre qu’on fume… ou les reflexions de ce vieux aussi qui pense « que le téléphone est venu à bout du veritable lien entre les hommes, de meme que fantômes et revenants semblent avoir battu en retraite quand les gens ont commencé à polluer l’air avec des emissions de radio et autres ondes magnétiques.. » (p. 54)
Succès de librairie en Allemagne sous le titre « Saison d’amour » (saison d’accouplement/ saison de rut) – avec cette couv’ ci-dessous plus évocatrice des paysages décrits par le vieux (- il appelle ainsi une colline près de chez lui « Le mamelon d’Helga » ) que la sobre couv’ de l’édition française :
Le livre est traduit sobrement par Catherine Eyjolfson qui a su trouver les mots justes pour ces aveux et regrets d’un homme à la fin de sa vie. Une mention speciale pour la description des « égarements contre nature » (p.114) dûs à la misère sexuelle, une vrai tornade de désir qui suinte à chaque ligne et m’a fait (un peu) frissonner.
Celui qui aime lire des livres tout simplement « différents » voici une vraie petite pépite de découverte. Certains lecteurs (allemands) ont moins aimé le dernier tiers, plus « larmoyant », certains trouvaient que le vieux s’apitoyait un peu trop sur son « sort » – à mon gout m^^eme cette dernière partie est dans la droite ligne de ce mélange de reflexions sur le qui-quoi-comment-pourquoi qu’on peut bien se poser à un ou plusieurs moments de sa vie, ici, dans la ville, ou ailleurs, loin d’ici à la champagne…
Un grand merci à Philisine, la femme qui fait voyager les livres, qui, avec sa critique http://jemelivre.blogspot.fr/2013/09/la-lettre-helga-bergsveinn-birgisson.html , m’a donnée envie d’acheter ce livre, et m’a permis de voyager dans la tête…. (« j’ai compris que l’être humain peut faire de grands rêves sur un petit oreiller. ») – p. 104
Zulma à une ligne de couvertures très reconnaissable et les photos de la série allemande ne corespondent pas, c’est un livre que je n’ai pas encore lu, mais j’y compte bien, tu ne fais qu’attiser cette envie
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la couverture de l’édition allemande correspond à une partie du sujet….ce n’est pas « complètement » à côté…..
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