Livre Inter 2013 – LaDivine – Marie Ndiaye

la-divine-marie-ndiaye

Il y a quelques années c’étaient « Les trois femmes puissantes » – là nous sommes confrontés aux « Trois femmes dans le renoncement ».
Malinka a honte de sa mère ( » la servante »- La Divine 1 – dont on apprend vers la page 50 environ, qu’elle est noire de peau -). Elle change de nom (==> Clarissa) , cache sa mère de son mari et de son enfant et va la voir, par devoir ( ?) en catimini une fois par mois (moins souvent, quand elle est enceinte). Mais elle vit mal ce reniement – d’où impossibilité pour elle d’être heureuse et de s’assumer. Puis il y a sa fille LaDivine (2) donc la petite-fille de LaDivine1 …(pourquoi ce miroir des noms?)

Marie Ndiaye prend une « long and winding road » pour nous démontrer que le reniement de ses origines peut tout à fait empêcher l’épanouissement de sa propre personnalité. Il crée « une mince muraille de glace » qui décourage tout vrai désir de l’autre, fait naître un malaise qui perdure au-delà des générations et/ou fait partir des maris après 25 ans de vie commune, et parfois fait perdre des lecteurs (comme moi).

 » Mais, pensait-elle la gorge nouée, si votre mère mérite amplement votre amour et que vous ne lui donnez pas, que vous le gardez soigneusement par-devers vous, que penser d’une personne pareille ? Si votre mère vous fait honte et que vous la tenez en dehors de tout ce qui vous concerne, qui êtes-vous donc?  »

Marie Ndiaye passe en trois grandes parties de la vie de l’une à celle des autres. Ladivine2 vit en Allemagne avec son mari et ses deux enfants, mais un voyage à l’étranger (le pays d’origine de la « servante » (?) va chambouler sa vie).
Décidément, la langue de Marie Ndiaye est enchanteur – et précieux/rare dans le paysage littéraire français. D’où probablement l’enthousiasme de pas mal de critiques (c’est éminemment plus difficile à lire qu’un roman de Adam ou en provenance des Editions Minuit). Mais malheureusement je n’ai pas accroché du toutdutout. Longtemps les liens malsains entre Malinka/Clarissa sont détaillés, fouillés au plus profond, l’insatisfaction des personnages inlassablement évoquée, analysée, décryptée jusqu’au plus petit pli de l’inconscient de ses personnes vautrées dans leur solitudes et bercées par une vie apparemment monotone. Parfois il y a des actes étranges, des personnages troubles, un chien aux yeux doux – dont je n’ai toujours pas saisi la signification /symbolique réelle – , prostitution, crime….Je me sentais finalement comme un noyé dans une eau pure de mots étincelants.

Oeuvre labyrinthique qui se mérite, dit la presse. AD, lors d’une discussion dans le cadre de notre groupe de lecture autour du Livre Inter, s’est enthousiasmée pour/sur cette capacité de décryptage des plus fins remous de l’âme….. C’est une femme, moi un homme – peut-être ceci explique cela. Je n’ai vraiment pas réussi à me fondre dans ces sentiments les plus subtils – certes, formidablement écrit (avec quelques redites à mon sens), mais pour une fois, ces étincelles ne m’ont pas suffi. Et je suis certainement passé à côté de liens et fils sous-jacents d’un ensemble impressionnant.

Le Nouvel Obs parle de « Chanel 5 »:

Pour qui chaque livre de Marie NDiaye est un rendez-vous attendu avec la littérature, «Ladivine» sera, par son phrasé particulier, lent, complexe, où chaque phrase est juste parce qu’elle s’articule à l’ensemble, un nouvel enchantement: il y est question de l’échéance, de passion et de crime, d’origines cachées et de rêves candides, de l’abandon cauchemardesque à l’inexorable vertige de la chute. Un théâtre de la cruauté mystique et mystérieux, sensuel et souverain, qui place en tout cas l’auteur, dans le paysage romanesque français, très au-dessus de la production du confrère. C’est une ronde maléfique, schnitzlérienne, qui étourdit et laisse par terre. Son meilleur livre ? Son Chanel n° 5 en tout cas, chant narratif épuisant qui concentre et recèle l’or très noir de son écriture.

J’aime bien Chanel mais préfère « Antaeus« . Egalement complexe comme parfum mais plus en phase avec « moi ».

Encore une critique plutôt bonne:

http://www.liberation.fr/livres/2013/02/13/lignee-de-fuites-dans-ladivine_881618

A propos lorenztradfin

Translator of french and english financial texts into german
Cet article, publié dans Livres, est tagué , , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Un commentaire pour Livre Inter 2013 – LaDivine – Marie Ndiaye

  1. Yv dit :

    Je n’ai lu qu’un livre d’elle et comme toi, j’avais eu du mal à entrer dans son écriture

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s