Harry Quebert et la maladie des écrivains – ou les arrogants de la critique

Venu à bout des 664 pages bavardes primées par le Grand Prix du Roman de l’Académie Française ET le 25e Prix Goncourt des Lycéens.

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 » La vérité sur l’Affaire Harry Québert »

Après un début alerte, mais pas dénoué de phrases à béquilles (je pensais même avoir affire d’une mauvaise traduction, avant de me rendre compte que l’auteur, Joël Dicker, est un Suisse (« …content de moi-même et jugeant que j’avais assez travaillé, je m’en allais flâner dans les rues de Manhattan, où les passants bruissaient à mon passage…. »)….je m’ennuyais ferme  avec les particulièrement mièvres : « Oh, Harry chéri, je suis si heureuse » prononcées à la pelle par la « petite » Nola (ou: « Il l’enlaça et elle s’accrocha à son cou, fort. Puis ils plongèrent dans l’océan et s’éclaboussèrent gaiement, avant d’aller se sécher au soleil, allongés sur les grands linges blancs de l’hôtel. Elle posa sa tête sur son torse. Je vous aime, Harry… Je vous aime comme je n’ai jamais aimé. Ils se sourirent. Ce sont les plus belles vacances de ma vie, dit Harry. Le visage de Nola s’illumina : Faisons des photos ! Faisons des hotos, comme ça nous n’oublierons jamais ! Avez-vous pris l’appareil ? Il sortit l’appareil de son sac et le lui donna. Elle se colla contre lui et tint le boîtier à bout de bras, dirigeant objectif vers eux, et prit une photo. Juste avant d’appuyer sur le déclencheur, elle tourna la tête et l’embrassa longuement sur la joue. Ils rirent. Je pense que cette photo sera très bonne, dit-elle. Surtout, gardez-la toute votre vie. Toute ma vie. Cette photo ne me quittera jamais. » (Marc Levy? Harlekin?)

….avant de ressentir quelques picotements, me signifiant un certain reveil d’intérêt,  lors de la lecture « en diagonale » des divers et pléthoriques « rebondissements » dans le dernier tiers du livre….

Entrelardé de Conseils à un futur écrivain du genre

“Le premier chapitre Marcus, est essentiel. Si les lecteurs ne l’aiment pas, ils ne liront pas le reste de votre livre. Par quoi comptez-vous commencer le vôtre?
– Je ne sais pas, Harry. Vous pensez qu’un jour j’y arriverai?
– À quoi? – À écrire un livre. – J’en suis certain.”

le roman mélange policier, roman d’émancipation, roman d’amour (chaste), reflexion sur la vie, excursion dans l’économie éditoriale, illustration de la vie dans une petite ville américiane, voyage dans le temps, manipulation du lecteur par l’auteur….

Donc on peut y trouver son plaisir, mais personellement je le trouvais un sous-John Irving  (je refute par ailleurs toute « air de famille » avec les romans de P. Roth, dont l’auteur semble s’inspirer et/ou s’y référer …).

Voici une lettre ouverte de défense (et d’analyse) du livre (j’ai l’impression qu’il y a davantage de lecteurs ravis sur la toile que de déçus…):

http://bibliobs.nouvelobs.com/rentree-litteraire-2012/20121112.OBS9048/lettre-ouverte-aux-detracteurs-de-joel-dicker.html

Et un text de Pierre Assouline selon lequel je me range volontiers dans la catégorie des « arrogants de la critique« :

http://passouline.blog.lemonde.fr/2012/10/26/le-grand-roman-americain-est-ecrit-en-francais/

A propos lorenztradfin

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3 commentaires pour Harry Quebert et la maladie des écrivains – ou les arrogants de la critique

  1. Mon avis plus que confirmé se rapproche du vôtre, sans avoir lu Pierre Assouline. Je crois que sans parler d’arrogance, on a le droit d’aimer ou pas un livre et de ne pas être jugé pour cela, non ?

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  2. CultURIEUSE dit :

    Absolument d’accord. L’extrait choisi le démontre. Assumons notre arrogance, si arrogance il y a. Plus on lit, plus on devient sélectif. En revanche, je suis heureuse qu’un écrivain suisse fasse parler de lui. Et si ce livre peut engager à lire, tant mieux, meuh! (chez nous c’est la vache, pas le coq…).

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