L’amour est la continuation de la guerre par d’autres moyens

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Pas mal ce Lysias, non?

Choderlos de Laclos a illustré cette phrase avec un monument de la littérature française: « Les Liaisons Dangéreuses » –  « Je voulais faire un ouvrage qui sortît de la route ordinaire, fît du bruit, et  retentît encore sur la terre quand j’y aurais passé. »

Le cinéma (et la TV) se sont souvent emparé de cette suite épistolaire : Citons pêle-mêle: Roger Vadim – avec  Jeanne Moreau & Gérard Philippe, Stephen Frears –  avec Glenn Glose & John Malkovich & Michelle Pfeiffer)  Sexe intentions (un pari cruel) de Roger Kumble (avec Reese Witherspoon & Ryan Philippe) – le tout se déroule à Manhattan et une grande université), Milos Forman – Valmont (avec Colin Firth & Anne Bening & Meg Tilly), de Josée Dayan (avec C. Deneuve et Rupert Everett)….- et ce n’est certainement pas fini….tellement le sujet est éternel » et ouvert à des lectures.

Jeudi soir nous avons vu une version théâtrale (sur la base du script ou de l’adaptation de Christopher Hampton – qui a servi aussi au film de S. Frears – que je vais probablement revoir ce soir à la téloche – sur M6 – ). Mise en scène: John Malkovich (mais oui, le même qui a joué Valmont dans le film de Frears)  – Son choix, faire jouer une fine équipe de jeune acteurs : Sophie Barjac, Rosa Bursztein, Jina Djemba, Lazare Herson-Macarel, Mabô Kouyaté, Yannik Landrein, Pauline Moulène, Julie Moulier, Lola Naymark.

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Alors quoi dire…Plaisir de retrouver la pièce, ou cette adaptation. Toutefois, ce qui était bien étrange, le film de S. Frears – vu il y a une dizaine d’années probablement – a impregné la rétine plus que je ne pensais…G. Glose & Malkovich & M. Pfeiffer revenaient sans cesse…écrasant par là la présence moderée des jeunes sur la scène….Pas de chance non plus qu’avec l’âge, l’oreille perd en force …. malheureusement ces jeunes n’avaient dans l’ensemble pas une voix qui porte….des pans entiers du texte se sont donc envolés dans la salle à 600 places….

Quelques affeteries de mise en scène (pour faire d’jeuns?) – marche à ralenti lors du transport d’un lit vers le devant de la scène, quelques postures tarantinoesques; la présence d’un iPad (sur lequel les lettres échangées ont été écrite, des iPhones (certes elles ne sonnaient pas, mais pour un SMS….), des costumes ni-époque, ni d’aujourd’hui…

Pas mal : (mais mes co-spectateurs n’ont pas trop aimé) – la présence permanente des acteurs sur la scène (quand il n’avaient rien à dire, ils se sont assis sur des chaises en bordure de la scène « commentant » l’un avec un regard, avec quelques gestes les dia-monologues…l’un parfois comme »interlocuteur virtuel » auquel on s’adresse pour trouver appui….

Une scenographie simple et modifiable…Ah, et on a entendu chanter « Ombra mai fui » (Haendel) – (c’était aussi une musique du film de Frears) mais pas de Harpe comme dans les lettres….

Enfin, une maîtresse de Valmont en toute sa nudité naturelle, jouant à a perfection la secretaire de Valmont, étendue sur le lit, tapant les mots dictés sur son iPad….

Pour finir, et déguster les mots de  Laclos lors de la scène de rupture de la Présidente de Tourvel :

« On s’ennuie de tout, mon Ange, c’est une loi de la nature ; ce n’est pas ma faute. Si donc je m’ennuie aujourd’hui d’une aventure qui m’a occupé entièrement depuis quatre mortels mois, ce n’est pas ma faute. Si, par exemple, j’ai eu juste autant d’amour que toi de vertu, et c’est sûrement beaucoup dire, il n’est pas étonnant que l’un ait fini en même temps que l’autre. Ce n’est pas ma faute. Il suit de là, que depuis quelques temps je t’ai trompée : mais aussi, ton impitoyable tendresse m’y forçait en quelque sorte ! Ce n’est pas ma faute. Aujourd’hui, une femme que j’aime éperdument exige que je te sacrifie. Ce n’est pas ma faute. Je sens bien que te voilà une belle occasion de crier au parjure : mais si la nature n’a accordé aux hommes que la constance, tandis qu’elle donnait aux femmes l’obstination, ce n’est pas ma faute. Crois moi, choisis un autre amant, comme j’ai fait une autre maîtresse. Ce conseil est bon, très bon ; si tu le trouves mauvais, ce n’est pas ma faute. Adieu, mon ange, je t’ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret : je reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n’est pas ma faute.

A propos lorenztradfin

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