Le ruban noir sec – quand la musique s’arrête

Peut-être il faudra me traiter de « con ».

Libération (Gérard Lefort) avait écrit dans sa critique du film « Amour » de Michael Haneke « Qui ne versera pas une larme à la vision d’Amour peut être raisonnablement traité de con. »

Je n’ai pas versé une larme lors de la vision de ce film ou un couple agé, joué par le magistral Jean-Louis Trintignant et la grande Emmanuelle Riva, affronte la décheance physique, la souffrance et la mort.

Certes j’ai été touché (comment ne pas l’être?) :  la déchéance qui vient avec l’âge (et qui nous attend aussi au bout du chemin), la dépendance croissante (une scène de douche très dure), voir l’homme endosser le rôle d’aide-soignant, une situation qui chamboule la structure des rapports construits par ce couple de bourgeois au fil des années (et montrés avec tendresse au début du film), la femme perdant l’usage de la parole et communiquant par ses seuls yeux…. – tout ça (et encore plus) m’a bien (et parfois trop) rappelé le calvaire de mes amies H. et C. (et de leur entourage) – piquure de rappel.

Toutefois, Haneke, avec une mise en scène tirée au cordeau (admirable dans ses variations et découpages ainsi que les changements entre gros plan et/ou long plan large distancié – et tout ça dans un lieu unique : un grand appartement parisien), n’a pas joué avec les mouchoirs – il n’essaye pas à créer un torrent de larmes chez le spectateur. Il a procédé plutôt de manière clinique, « documentant »….rien à voir avec un sujet voisin (« Quelques jours en printemps ») davantage « construit » pour le mouchoir.

(Long) Silence du public de la séance après le film (et pendant le générique – sans musique), abasourdi par la soudaineté de la scène à ne pas raconter, jaillissant d’une violence foudroyante du calme le plus beau, du flot de paroles apaisantes, dites avec cette voix si particulière de JL Trintignant….

Il est difficile de recommander ce film – il n’est pas aisé d’affronter ce tête à tête – mais rarement on a (je devrais dire :  j’ai) vu cette année un film d’une élégance froide – et très maitrisée (trop?) pour un huis clos de deux acteurs bouleversants qui parle sur ce qui nous attend tous un jour, et dont on n’aima pas trop parler.

La phrase de Trintignant à sa fille (I. Huppert:) qui reproche au père de ne pas trouver une autre solution que garder la mère à la maison  – « Parlons sérieusement! Qu’est-ce que tu proposes? » – nous l’entendons souvent maintenant dans notre génération….

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Un commentaire pour Le ruban noir sec – quand la musique s’arrête

  1. Yv dit :

    Pas très motivé pour y aller. Le ruban blanc m’avait laissé dubitatif, je crains pour celui-ci de faire partie des cons.

    J’aime

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