Trouvé chez un bouquiniste de GRE le « dernier » roman de Deon Meyer.
Plus gros que d’habitude (plus de 700 pages – certes en gros caractères mais tout de même) – toutefois un bon read estival comme à l’accoutumé (on ne s’ennuie pas du tout dans ses romans) – même si j’ai l’impression que la structure éclatée du livre n’était pas la meilleure idée de cet auteur que je « suis » depuis son premier » Jusqu’au dernier« , et qu’elle freine l’adhésion totale, mais il y a d’autres (lecteurs) qui aiment bien ce foisonnement (assez nouveau chez D.M. – voir les liens ci-dessous).
De fait, le roman est construit en 3 blocs (inégales) – chacun centré autour d’un personnage (Milla, mère de famille qui quitte son domicile conjugale pour se (re-)construire sa vie, et qui va écrire un livre, Lemmer (un personnage récurrent) – la partie qui m’a plu le plus – Mat Joubert… Des blocs-parties qui se rejoignent soit « en vrai » par le croisement des personnages soit en sous-jacent.
Un début comme un faux James Ellroy… ensuite les réjouissantes surprises du policier/thriller dans l’Afrique du Sud (qu’on connait mal – avec son lot de racisme, rhinoceros, diaments, mafia, gangsters, crimes et violences ….), avec les problèmes socio-économique-politiques que Meyer nomme et accuse avec plus de virulence qu’à l’accoutumé ….Vraiment cela se lit bien, rapidement, mais reste (à mon avis) très inégale. Mention bien au traducteur (Marin Dorst) et un passage du livre qui a résonné fort en moi:
« Certains jours ne laissent aucune trace…. Il y’en a qui s’écoulent comme s’ils n’avaient jamais existé, aussitôt effacés dans le silage de ma routine….Ou par mon désir de les oublier aussi tôt que possible. Les traces des autres jours restent visibles peut-être une semaine avant que le vent de la mémoire les recouvre de sable – le dépôt laissé par de nouvelles expériences.
Notre vie est composée de vingt-deux mille jour en moyenne. Combien nous restent en mémoire, nommés et datés? Dix, douze? …Anniversaires, mariage et divorce, séparations, décès, puis quelques Grandes Premières…Les traces des autres jours s’usent peu à peu. Résultat: la vie consiste en fin de compte en l’équivalent d’un mois de jours dûment enregistrés en mémoire et d’une poignée de souvenirs non datés.
Il faudrait vivre en sorte que chaque jour laisse une trace. Mais comment faire? » (p. 344/345 Journal de Milla)