« Kamal Jann » de Dominique Eddé –
J’ai fini les dix livres de la liste du Livre Inter 2012.
A ce moment, les pays du Golfe annoncent qu’ils doutaient « sérieusement » du succès du plan de l’émissaire Kofi Annan….Et je clos ce livre sur la poudrière embrasée en Syrie, en Lybie, lieu géographique, avec Paris et New York, de cette saga politico-familiale, que D. Eddé a commencé à écrire il y a 5 (!) ans et terminée peu avant l’éclatement du printemps arabe. Récit théatralo-poétique, tragédie grècque, thriller politique (genre John Le Carré ou Graham Greene) avec des accents d’un film hollywoodien, littérature avec un style « Mille et une nuit à l’enfer de Dante » à mon goût parfois un peu déroutant.
Autour de Kamal Jann, héro schizophrène tragique, avocat à NY, parents assassinés par son oncle, avec un jeune frère proche des militants islamistes – sur le point de commettre un attentat- , trois générations de femmes (terribles, érotiques, comme un homme), CIA, services secrets syriens, français, israéliens, sunnites, chiites, alaouites….toute la complexité du monde arabe en 455 pages denses, savamment orchestrées et construites.
Et tout cela sur une trame temporelle: Temps court, minuté d’un côté et « temps hors le temps » (rêves, insconscient, l’histoire (avec un grand H), cauchemars – « Waqt » contre « zamân »…(les chapitres titrent: « Le même jour » « Trop tard » « Lendemains » « Octobre »)).
D’une richesse incroyable, labyrinthique avec une langue teintée des couleurs et métaphores de la langue arabe (reflexion de Riwaya à propos de Hama, de l’Iraq et de la Syrie : « Il y a des morts qui servent d’engrais à la vie » (p. 70)
Livre tour de force, parfois déroutant, d’une maitrise extarordinaire – un vrai prétendant au Prix du Livre Inter. Livre à Grenoble classé à la FNAC dans la section policiers, thrillers….
Coquecigrues et ima-nu-ages 