150 pages d’excellente lecture (dans le cadre du Livre Inter 2012) « Supplément à la vie de Barbara Loden » de Nathalie Léger.
Une auteure que je ne connaissais pas, une écriture sensible, riche….le texte impressionnant relie toutes les femmes du livre : la narratrice-enquêtrice (Léger) sur Loden, ses reflexions sur et avec sa mère (« je me demande pourquoi tu as le goût pour les choses tristes »), en rapprochant sans cesse Barbara Loden et Wanda…C’est par ailleurs avec la description de la première séquence du film « Wanda » que commence le récit et quelques pensées imaginées que sa mère aurait pu avoir qu’il se termine…
Idée de départ: l’auteure doit écrire une notice sur la cinéaste-actrice Barbara Loden (dont « Wanda » est le seul film), point de départ pour réfléchir sur l’écriture, la/les femme/-s et les hommes, (p.ex. l’assujetissement), les Etats-Unis…récit hybride entre fiction, récit de voyage, autobiographie entrelardé de pensées de E. Kazan (mari de B. Loden), M. Duras, Chabrol, Lacan…
« J’hésite entre ne rien savoir et tout savoir, n’écrire qu’à la condition de tout ignorer ou n’écrire qu’à la condition de ne rien omettre. »
J’ai beaucoup aimé ce livre pleine d’hésitations et d’une poésie avec des mots justes, ciselés. Il fait, pour le moment, partie de mon Top 3 (avec « Claustria » et « …le sauvage blanc… » )
« …on croit n’avoir affaire qu’à de pures formalités, notes de bas de page, notices, notules, tables, préambules (….)…profusion tranquille et organisée de mots qu’il suffit un matin d’assembler en quelques phrases, simple administration de la langue -, et puis, on se retrouve devant un monde de décisions à prendre, d’élans abandonnés, d’hypothèses effondrées…. » (p.20)
« …Dans Le Desert Rouge, Giuliana s’égare sur un quai et dit à un marin : » Certains jours, les corps sont séparés ». Natalie, dans The Rain Purple, part seul sur la route : I don’t want to get away with you, I want to get away from you. » Dans The Savage Eye, Judith marche seul dans la ville : « Ne voir personne, ne parler à personne. » Dans Sue perdue dans Manhattan, Sue, le regard vide, dit : « Je ne suis pas très bonne en conversation, je ne communique que dans le sexe. » Dans Jeanne Dielman, Jeanne ne dit plus rien. (p. 64)
« Je n’aime pas les jeunes hommes, je n’aime pas leur fraîcheur, leur raideur ou leur grâce, leur pétulance spermatique, leurs mains d’enfant. Je regarde les jeunes hommes, je les regarde sous la ceinture, je les regarde très attentivement, je les détaille mais je ne les aime pas…. » (p.95)
Hah, c’est ce livre qui a eu le prix du livre Inter 2012 – lecture exigeante (A. aurait dit « chiante »), mais sensible et touchant à l’intime. J’ai bcp aimé – et il faisiat partie de mont top 3
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