Un voyage dans le temps, dans le Vieux Sud des Etats-Unis des années 1940. Toutefois, ce n’est pas un roman historique. Il y a un côté Toni Morrisson dans cette histoire polyphonique dans laquelle tous les acteurs ont successivement la parole pour décrire un drame que l’on pressent dès la première page.
Laura, l’épouse malheureuse qui a suivi son mari (Henry) dans une campagne perdue, loin de tout et surtout boueuse. Il y a Pappy, un Ku Klux Klaneux, le frère de Henry de retour de la guerre (Jamie), une famille de noirs (Ronsel – qui a servi sous Patton, ses parents….)….chacun, dans son langage à lui, rajoute aux diverses facettes du déroulement de l’histoire en une sorte de savant flash-back.
Il y a certes un côté déjà-vu (livres, cinéma, clichés): mais comme on peut « tomber amoureux comme on s’endort dans une voiture conduite par quelqu’un en qui on a confiance – peu à peu, par degrés imperceptibles, en se laissant bercer par le mouvement…..(p. 241) » on entre dans ce livre et on n’en sort quasiment plus (c’est ce qu’on appelle un page-turner)….
Comme toile de fonds la Seconde Guerre mondiale et ses ravages…., la haine raciale (le Ku-Klux-Klan tout juste il y a 50 ans…), la dureté de la vie des fermiers, la bêtise humaine, un dénouement à la tragédie grecque…..
Une belle lecture de vacances (même si on n’est pas en vacances…) très bien traduite par Michèle Albaret-Maatsch (traductrice, entre autres, des romans de Margaret Atwood).
Voici le site de H. Jordan: