Récit à 85% monologué de la vengeance (explosve) d’un homme (Julius, une cinquantaine d’années) solitaire et (à priori) doux, amoureux de livres (sa cabane est tapissée de 3282 livres laissés par son père qui l’a élevé seul)….et de la nature (omniprésente).
Monologue en trois temps, ajoutant au fil des pages les pièces d’un puzzle (de plus en plus précis) qui montre aussi bien le dérèglement du narrateur que celui de la société.
Julius vit seul dans la forêt dans une cabane, juste accompagné d’un chien. Il travaille parfçois pour les riches proprios de la région pour rester calfeutré chez lui pendant les mois d’hiver. Son chien est tué par un coup de fusil. Ce qui mène à un coups de folie, le début d’une vengeance.
Histoire d’amour, celle d’avec un chien – tué en page 30 environ (Hobbes) – , celle d’avec une femme – qui est partie qualques années ayuparavant: Claire. Cet hymne quasi-incantatoire à la nature et à l’amour, cette description de l’impossibilité de vivre seule est pour moi une belle découverte, notamment parce qu’elle n’était pas provoquée par une idée préconçue et/ou la suite d’une recommandation.
(Je suis d’accord avec les deux derniers adjectifs de la critique de « Lire » sur la page de garde de l’édition poche : « Magnifique, tendu, envoûtant » comme je souscrirais aux extraits de la critique de « Télérama » sur la 4e de couverture : « La folie, la violence, la vengeance, la frontière entre civilisation et barbarie au cœur d’une très belle fiction, tout ensemble poétique et allégorique » ).
(vue sur le Vercors et pas dans le Maine du Nord)
Le traducteur Georges-Michel Sarotte (de ce premier roman paru en France de Gérard Donavan) a fait un très beau travail (belle recherche sur les expressions shakespeariennes qui parsèment l’ensemble : « pollu », « maillé de sang », « capon », « compain » – et qui sont égrenés par Julius (de « a » à « z » et qui se glissent peu à peu dans le récit du « réel » – témoin cet extrait : … »Ton boulot n’impliquait pas que tu emploies un autre type pour se faire tuer aujourd’hui. De ton insidiateur j’ai tiré l’incarnate peinture. » J’avais retrouvé mon vocabulaire shakespearien, mais sauté les mots commençants par un h. Devant son air perplexe j’ai traduit l’anglais en anglais: « J’ai répandu le sang de ton espion…. » p. 223) comme tout son travail sur la description d’armes (intéressant la juxtaposition de la poésie, des livres et la froideur mécanique et meurtrière des fusils).
Ainsi, l’explosion de violences qui surgissent du calme de la blancheur d’hiver, du tapis de neige, elles vous éclatent en pleine figure et vous glacent sans pour autant altérer une sympathie pour cet homme solitaire.
(« Je suis resté dans la clairière qui se tapissait de blanc, levant les yeux vers les fragments de nuit découpés par les flocons. L’hiver. » p.90 ou )