Promesses de l’ombre

Film coup de poing – et je n’étais pas le seul dans le cinéma qui a deux, trois reprises a ressenti comme réel la violence qui explosa parfois dans ce film d’une grande densité (je ne dis que « sauna » – et les cinéphiles parlent déjà d’une scène de lutte d’anthologie).

Toutefois aussi, film qui prend le temps, qui laisse le temps au temps, induit le spectateur en erreur, le mène sur des « fausses » pistes, « promet » une chose et nous attend ailleurs. Dans un Londres ombrageux à des kilomètres lumières de toute la splendeur de la Tate ou de la City.

Un grand bravo aux acteurs. Quand je pense que Viggo Mortensen a été un quasi inconnu avant de jouer dans les « Seigneurs de l’anneau »….Vincent Cassel fait des tonnes, mais cela lui va bien, Müller-Stahl joue son rôle ambigu de toujours (vous vous rappelez de Music Box de C. Gavras? Le même sourire gentil paternel qui vire d’un instant à l’autre à l’abjection la plus profonde).

Pas du tout de repos le film – mais quel souffle, et quel plaisir aussi, malgré la dureté, après le navet vulgaire et cinématographiquement même pas digne d’une soirée TF1, vu récemment (pour faire plaisir): « Le coeur des hommes,  2 »

David Cronenberg joue un jeu dangereux, auquel il s’était déjà essayé avec succès dans A History of Violence : il respecte les règles du genre – en l’occurrence le film de gangsters – et joue avec l’adrénaline des spectateurs, mais il s’astreint aussi à une rigueur qui empêche ceux-ci de n’être que les simples clients dans le peep-show de la décadence.

 

(Le Monde – Sotinel)

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